Pour Aurélie Lebouc, en hommage amical

   Si chacun est constitué du caractère de ce qui a son principe en soi, l’un est Père, l’autre Fils, et il y a donc, selon Athanase, immanence (i.e. le caractère de ce qui a son principe en soi-même), immanence réciproque du Père et du Fils.  

Cette notion d’immanence réciproque, tirée de l’Écriture par Athanase, nous permet d’entrer plus avant dans le mystère de la Trinité, si l’on veut bien accepter l’analogie dans l’ordre des êtres créés. Pour mieux comprendre l’immanence réciproque prenons la comparaison avec l’amour. 

L’amour tend à faire que deux êtres soient “un” tout en restant “deux”. L’amour est en quête de transparence, en quête de l’interpénétration, de la fusion des deux êtres pour se réaliser, se heurtant toujours à cette limite du corps, qui individualise. L’amour trouve sa joie suprême à donner la joie à l’autre. L’amour a vocation à donner, et à donner la joie, et à puiser dans la joie de l’autre sa propre joie. Mais là encore le corps limite la quête, en empêchant de rejoindre parfaitement l’autre et sa joie. 

Le franchissement de la limite imposée par le corps, l’unité dans la dualité respectée, tout cela que le chrétien ne peut réaliser, constitue cependant ce vers quoi il tend de toutes ses forces. 

Une illumination jaillit en découvrant, en contemplant le mystère du Dieu-Amour (cf. 1 Jn 3,16), c’est qu’il existe un cas au moins où l’amour parfait a réussi. Le chrétien peut alors se réjouir de ce qu’en Dieu est souverainement réalisé ce que le chrétien voudrait que fût pour lui-même l’amour. Cette joie culmine quand la foi fait naître en l’homme l’espérance d’être pris un jour lui aussi, avec tous ses frères, dans cet amour. 

Cette espérance est fondée, depuis la prière du Seigneur : 

Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous” (Jn 17, 21) Dans cette prière, l’Un qui est en l’Autre est aussi avec l’autre. 

 

Gérard LEROY, le 29 juillet 2017