Pour Gilles et Béa, en hommage amical
Les chrétiens seraient-ils invités à se calfeutrer sagement dans leur coin, sans dire mot ? C’est ce qu’on a été tenté de penser quand la vénérable institution qu’est la RATP a voulu gommer une mention à connotation chrétienne sur une affiche de son métro. Le christianisme est donc hors pub, hors média, et doit se tenir assez loin pour qu’on ne le voit pas. Il devient choquant même de l’évoquer. Cachez-vous, les chrétiens ! Vous n’avez rien à faire “au monde”. Même si certains d’entre vous se font décapiter au loin.
La foi chrétienne semble devenir —redevenir ?— une absurdité, une sorte d’obscénité immontrable et dont la seule évocation serait un affront fait à ceux qui croient différemment ou qui ne croient rien. Comme si le fait d’exprimer sa foi revenait à violer la République, contrevenir à la laïcité, cette nouvelle religion qui perçoit toute religion comme une provocation. Le IIIe siècle serait-il de retour ?
Il reste chez les tenants de la prééminence de l’État un anticléricalisme latent, une méfiance séculaire envers le pouvoir excessif que pourraient avoir les religions. Ce ressentiment resurgit quand la visibilité des convictions religieuses s’accroît. Ou bien les ayatollahs de la laïcité ignorent