Quelles évolutions favoriseraient le rapprochement de l'Islam et de la démocratie?

Nous présentons ici le troisième article de Xavier LARÈRE sur le rapport de l'islam à la démocratie

   Commençons par le plus difficile; 

1)    Le réexamen du statut du Coran

Une première affirmation est catégorique: Le Coran est la parole de Dieu dictée à Mahomet. C'est donc un objet incréé, éternel et par là-même parfait. Les choses sont un peu plus complexes semble-t-il. La révélation faite par Dieu aux hommes est passée par une double médiation, celle de l'ange Gabriel, souvent qualifié d'esprit saint ou fidèle, et celle du prophète Mahomet. Pendant des dizaines d'années, elle n'a existé qu'oralement. Sa mise par écrit a donné lieu à de nombreuses discussions. Lorsque cette transcription a été terminée, ses auteurs ont déclaré qu'il s'agissait bien de la parole de Dieu elle-même et qu'elle ne pouvait plus donner lieu à aucun débat.

Pour un observateur extérieur, ce n'est pas le caractère archaïque et violent de certains versets qui pose problème car l'Ancien Testament en regorge et le Nouveau n'en est pas exempt (songeons à la fin de la parabole des mines, Luc 19,27-28, où le roi demande qu'on égorge devant lui ses ennemis). Mais, il est déconcertant de voir un être transcendant régler des détails, y compris pour la vie intime des couples (Sourate 2, 222-223). Il est vrai que le Lévitique comporte de longues énumérations de ce qui est pur et de ce qui est impur, et de ce qui est interdit en matière sexuelle, mais personne dans le christianisme ne soutient qu'il s'agît d'une loi de Dieu toujours applicable dans sa totalité.

Dans l'histoire de l'islam, ce statut indiscutable du Coran a vite posé problème. Dès le VIII e siècle, le mouvement Moutazilite voulut, en raison des nombreux anthropomorphismes du texte, faire admettre qu'il était créé. Deux siècles plus tard, l'acharisme considéra que le Coran était éternel dans son inspiration divine, mais humain dans sa fabrication.

Ces tentatives furent vite condamnées par des Ulémas de stricte observance, qui exclurent toute possibilité de réformer le Coran puisque le Coran est par définition le Réformateur.

 

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