Quand la presse juge avant le juge

Pour Anne-Élisabeth Lemoine, en hommage respectueux

   À maintes reprises les journalistes sont revenus sur le commentaire du Président de la République relatif à la grave faute qu’a commise ou qu’aurait commise l’acteur Depardieu. L’on entend ici et là, reprocher au Président une faute grave. La mêlée se forme. Oubliant le ballon.

Je retiens pour ma part une faute commise par les journalistes. Tout le monde rapporte à l’envi le défaut de la personnalité individualiste du Président, qui entend mais n’écoute pas, et qui mène une politique placée sous le signe d’une monarchie républicaine.

À vouloir lui confier le contrôle de tout ce qui se produit dans l’hexagone, y compris ce qui revient exclusivement à la justice saisie d’une plainte qu’il revient à celle-ci de vérifier puis de juger, le journaliste n’est-il pas responsable d’entraîner le Président vers ce que, légitimement ou pas, la presse lui reproche ?

Il n’est pas nécessaire de se référer à Lévinas pour se convaincre que chacun d’entre nous est responsable de l’autre. Quand Caïn dit à Yahvé : « Suis-je gardien de mon frère ? » il comprend que le lien établit une responsabilité que lui-même n’a pas choisie. Chacun, comme Caïn, dans sa singularité, est constitué responsable par Autrui. C’est d’Autrui que jaillit l’exigence éthique, y compris celle du débat publique. 

Gérard Leroy, le 22 janvier 2024

Continuer à lire

Pages