La mondialisation est un défi qui se présente comme un prisme à multiples facettes. Celui du pluralisme religieux apparaît difficile, à certains, quasiment insurmontable pour d’autres. Les réactions nourrissent une culture d’incertitude en même temps qu’elles alimentent une nouvelle forme d’indifférence religieuse. 

    Le phénomène de mondialisation coïncide avec ce qu’Edgar Morin appelle “l’âge planétaire de l’humanité”. La situation recouvre des réalités aussi complexes que l’interdépendance nécessaire des Etats, la logique mondiale du libre marché, un réseau financier international toujours plus performant, la rapidité de l’information grâce aux réseaux sociaux, le brassage des cultures, etc… Le phénomène est ambigu.

Ne considérons que l’extension à l’échelle planétaire d‘une certaine raison scientifique et technique, née en Occident. Le développement de la raison scientifique a constitué un progrès indéniable, réduisant les contraintes de la vie quotidienne pour des millions d’êtres humains. Cependant, à l’observation, les solutions techniques ne compensent pas la poussée démographique des pays émergents, et du fait de l’impérialisme de l’économie de marché notre système est plutôt générateur de misère et de dégradation de l’environnement. Le fossé s’élargit entre le monde des nations les plus riches et ce que l’on désigne comme le Tiers-monde ou les pays émergeants. Si bien que deux milliards d’êtres humains vivent avec moins de deux dollars par jour. 

    Les effets pervers dans le domaine de l’économie et de la justice sociale du processus de globalisation, ne sont pas les seuls à capter notre attention. On observe aussi les risques de déshumanisation et d’érosion des cultures originaires sous le choc d’une certaine culture hégémonique véhiculée par les médias. Dans l’ordre des symboles, des valeurs, des modèles standardisés, surtout dans les espaces publicitaires, on assiste à l’universalisation à l’échelle de la planète d’un certain type d’homme  en rupture non seulement avec les anciens modèles de la civilisation occidentale, mais aussi avec les valeurs les plus sacrées des grandes civilisations non occidentales. Alors que l’anglais  devient la nouvelle koinè de l’univers, on peut parler déjà d’un macdonaldisme culturel qui pénètre jusqu’aux espaces les plus reculés du globe. 

    Il ne faut pas s’étonner alors si par réaction, la mondialisation entraîne de nouvelles fractures dans la communauté mondiale. Au moment où elle favorise l’émergence d’un culture monolithique sous le signe du consumérisme, de la hantise du profit, de l’hédonisme facile, elle engendre en retour des crispations identitaires qui peuvent conduire aux pires nationalismes et aux pires fondamentalismes. Et très souvent, c’est la religion qui est mobilisée et instrumentalisée au service des particularismes ethniques et nationaux. 

 

Gérard LEROY, le 25 mars 2017