Pour Hugo Perez, mon filleul, en hommage affectueux

   Le prêtre Arius n’est pas un fanfaron. Quelque juste défiance convient-il de marquer au regard de ses hypothèses, Arius n’en est pas moins théologien, grâce auquel l’Église a pu s’expliquer et se situer.

 

C’est à l’école fondée à Antioche au milieu du IIe siècle par un certain Lucien de Samosate (1), que se réfèrent Arius, le doctrinaire, et Eusèbe de Nicomédie, le chef politique du mouvement arien.

 

Que professe Arius ? Ni plus ni moins que la transcendance absolue de Dieu, “un seul Dieu, un seul inengendré (agennètos), un seul éternel, un seul sans principe (anarchos), principe (archè) de toute chose”.

 

 Arius voulant assurer la transcendance de Dieu, et de Dieu seul, va déduire deux principes qui viennent directement de la théologie d’Origène, qu’il va attribuer au Verbe. Comment ? 

 

Pour Arius, comme pour Origène, “Dieu ne tire son être de personne”,  ce qui se dit, en grec : a-geneton [α-γενητον], soit celui qui est source de tout, seul. le Père, premier principe, non engendré, Tandis qu’à l’opposé, ce qui tire son origine d’un autre” se dit, en grec : gennêton, [γεννητον], qui signifie : le Verbe éternellement et les créatures avec un commencement.

 

En conclusion, le Verbe, logos —gennêton : “qui tire son origine d’un autre”— et agennêton : “je suis engendré”— est éternellement engendré par le Père, lequel est premier principe, non engendré, a-geneton, qui ne tire son origine de personne. Le Père est ainsi tout seul, mettant le Fils entre lui et les créatures.

 

Pour Arius, le Fils est “venu à l’existence” (genêton), à partir du Père; il a commencé à exister, ce qu’Arius traduit par agennêton, [α-γεννητον], qui signifie : “je suis engendré”, qu’Arius assimile à : “ce qui a commencé à exister”, caractérisant le Verbe avant les temps, les créatures dans le temps. Le Verbe a commencé à exister à un moment donné, il n’est pas éternel, il n’est pas Dieu.

 

En disant cela Arius balaie la théorie d’Origène qui prêche l’éternelle génération du Fils. Car Arius, on l’aura compris, considère que le Fils a été “créé par la volonté de Dieu”, et que “il n’était pas avant d’avoir été créé”, qu’il n’est donc “pas éternel, ni co-éternel, ni co-inengendré avec le Père”.

 

 

Pour justifier sa position, Arius rappelle que Jésus a dit : “Le Père est plus grand que moi” (Jn 14, 28). 

 

Il donne alors au Fils de s’intercaler entre Dieu et le monde, un monde qu’il revient au Fils de régir, à titre de fondé de pouvoir en quelque sorte. Tout cela n’est pas sans l’influence de la philosophie platonicienne très prisée à Alexandrie.

 

Arius est loin d’être seul dans cette aventure. D’autres prêtres lui emboîtent le pas. Seulement voilà : tous ne marchent pas au même pas, si bien que l’unité ne se fait guère à l’intérieur de l’arianisme. Des querelles s’amorcent et se propagent. L’Église tout entière accuse le coup, au détriment de son unité et de celle de l’Empire déjà mobilisé par la pression des Barbares.

 

 

Gérard LEROY, le 4 juillet 2013

 

  1. ancienne cité d'une province de Syrie