Pour l’ami Shermat Ganiev, avec mon amicale gratitude

   C’est la question que me demandait d’expliciter par le détail cet ami Ouzbek, après une journée fructueuse et éprouvante, sur le quai de la gare de Samarkand. Le train pour Tachkent est arrivé trop tôt pour que j’ai le temps d’amorcer une ébauche de réponse. Que je tente ici en m’efforçant d’être à la fois simple et concis.

La Bible est un ouvrage constituant la référence première pour un milliard et demi d’humains aujourd’hui, juifs et chrétiens, pour qui la Bible est l’écho de la Parole et de l’acte de Dieu au milieu de l’humanité, à différentes périodes de son histoire.

Ce que l’on a coutume d’appeler le “Livre des Livres”, est constitué, pour les juifs, d’un seul corpus que les chrétiens appellent l’Ancien Testament. La Bible, pour les chrétiens, est constituée de cet Ancien Testament et d’un Nouveau Testament, livre plus tardif qui relate principalement l’Événement de Jésus-Christ et l’histoire des premières communautés chrétiennes. 

Les livres de l’Ancien Testament ne se sont pas formés en un week end, ni dans un seul contexte. L’Ancien Testament est un corpus de 39 ouvrages, rédigés par des traditions et des motivations diverses. Aussi ne s’étonnera donc pas de rencontrer des élans prophétiques, au côté de textes juridiques, de livres essentiellement historiques et de chants d’amour.

L’Ancien Testament se découpe en 4 parties. La première est constituée de 5 livres qu’en chrétienté on appelle “Pentateuque” et qu’en judaïsme on nomme “Torah”, ce qui signifie “Loi”. La “loi juive”, religieuse autant que sociale, relève de la Torah. Cette partie est suivie par 16 livres historiques qui commencent par relater l’installation du peuple hébreu en pays de Canaan, l’histoire des premiers Rois, David et Salomon etc. jusqu’à la révolte des juifs Maccabées contre la dynastie hellénistique des Séleucides, au début du IIe siècle avant J.C. Sept livres sont dit “de sagesse” et 18 sont appelés “Écrits prophétiques”.

Deux sources alimentent le Pentateuque : un Document qu’on appelle “yahviste”, écrit au Xè siècle, au temps du Roi Salomon, d’une tradition du sud, et qui désigne Dieu par “Yahvé”. L’autre document, écrit au début du VIIIe siècle avant J.C., est dit “élohiste”, à cause de l’emploi du nom de “Elohim” pour désigner Dieu. Ces deux sources indépendantes ont été combinées au moment de la chute de Samarie, vers 721 avant J.-C. Le Pentateuque définitif s’est réalisé au retour d’exil, vers 537 avant J.-C. Le canon des livres bibliques a été fixé en 70, après que Titus ait détruit Jérusalem.

Le lecteur de la Bible perçoit que cet ouvrage, plus communément appelé “parole”, reste aujourd’hui d’actualité.

Le mot “Bible” vient du grec “ta biblia” qui signifie tout simplement “les livres”. L’ouvrage a été écrit sous le signe de la diversité, en hébreu pour la majeure partie de l’Ancien Testament, en araméen pour d’autres, la Bible ayant été traduite en Grec au IIIe-IIe siècles avant J.-C., à l’intention des Juifs restés à Babylone après que l’empereur perse Cyrus les ait délivrés de l’exil. Ils avaient été emmenés là par Nabuchodonosor une soixante d’années plus tôt (587 avant J.-C.). Ces Juifs ayant décidé de rester en Asie Mineure apprécièrent l’influence de la culture grecque s’imposant là à partir de la conquête d’Alexandre le Grand. Tant et si bien que la pratique de l’hébreu s’étant peu à peu dissoute au profit de la langue grecque, les juifs n’avaient plus accès à leur propre texte fondateur écrit en hébreu. Les juifs d’Alexandrie s’en étant émus ont décidé de mettre à la disposition de cette diaspora juive restée en Asie Mineure une Bible que 70 juifs ont traduit en Grec à leur intention. D’où le nom de  "Septante" qu’on donne à cette Bible. 

Les Bibles catholiques reprennent l’Ancien Testament qui rassemble une collection de 39 livres et y ajoutent 7 livres inclus tardivement, entre la fin du IIe et la fin du IIIe siècle, que les juifs ne reconnaissent pas et qu’on ne trouve pas, généralement, dans les Bibles protestantes.

À cet Ancien Testament les chrétiens ajoutent un Nouveau Testament qui comprend tout ce qui concerne l’Événement de Jésus-Christ, surgi dans une histoire qui commence vers l’an 6 avant J.C. sous l’empereur Auguste, comprend la mort et la Résurrection de Jésus vers l’an 30, sous l’empereur Tibère, et se poursuit par une histoire des premières communautés chrétiennes et des lettres envoyées à celles-ci par Paul, un ancien pharisien converti au christianisme après sa rencontre avec le Christ ressuscité sur la route de Damas où Paul se rendait pour continuer son funeste ouvrage de persécutions. Paul a écrit sa première lettre aux gens de Thessalonique à l’automne 49.

Ce Nouveau Testament a été connu en Asie Mineure avant de gagner l’Occident.

Il comprend 4 livres historiques, qu’on appelle “Évangiles”, terme profane utilisé dans les cours impériales de Rome et d’Orient et qui, à l’origine, signifie “bonne nouvelle”. Le terme a donc été utilisé par les chrétiens au IIe siècle pour signifier la bonne nouvelle apportée par Jésus-Christ. À ces 4 évangiles s’ajoutent un livre qui raconte l'histoire des apôtres dès le début de leur mission évangélisatrice, des lettres de Paul († 67 à Rome) adressées à des communautés naissantes de chrétiens au Moyen-Orient, à Rome et en Grèce, ou à des personnes précises ayant part à l’organisation de leur Église locale. 

Pour terminer le Nouveau Testament, l’Apocalypse rédigé vers la fin du Ier siècle, l’a été par un nommé Jean, peut-être le rédacteur du 4è évangile. Le style prophétique de ce livre rempli de symboles, annonce la façon dont le peuple de Dieu sera délivré.   

 

Gérard LEROY, le 8 juillet 2016