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  Les derniers feux de l’année 2015 scintillent encore au foyer du temps qui passe tandis qu’on est encore dans l’hébétude et que l’on craint la flamme du temps nouveau. De tous côtés on la guette. En direction du Moyen Orient qui inquiète, ou du Nouveau Continent qu’un bouffon séduit, ou de l’autre rive de la Méditerranée, qui gémit en travail d’enfantement. Le monde est une “branloire pérenne” disait Montaigne, qui n’allait pas écouter les concerts du Bataclan.

L’existence serait-elle si absurde qu’elle n’ait de sens qu’en direction d’un cimetière déjà surpeuplé ? Subsiste-t-il une once de cette capacité d’émerveillement devant la vie, qui conjurerait l’absurde ? Est-on encore capable de l’attente irrépressible de voir à tout instant surgir toute chose ? Je m’étonne toujours qu’il y ait des gens qui ne s’étonnent de rien. Épictète le dit dans les Entretiens : “Il y a des gens qui, comme les bêtes, ne s’inquiètent de rien, que de l’herbe”. À quelle source puiseraient-ils l’émerveillement ? 

L’avenir, dont personne ne sait où il se trouve, serait, selon la formule d'Homère, “sur les genoux des dieux”. Les dieux eux-mêmes sont sur les genoux, depuis des lustres. Vous comprendrez que je prête encore l’oreille, en dépit du tsunami de la sécularisation, à ce pape qui nous parle à la façon des prophètes de l’Ancien Testament. Le premier souhait que je formule pour vous, à l’aube de l’année nouvelle, est que vous perceviez, pour vous en étonner, ce miracle qui nous est donné dans ces temps chaotiques.

Gérard LEROY, le 25 décembre 2015