Pour Jacqueline et Jean Michel

En 27 av J.C. la ville de Lyon, capitale de la Lyonnaise, prend du galon : elle devient capitale de la Gaule romaine. Deux siècles plus tard Lugdunum et toute la région avoisinante est christianisée.

Les premiers chrétiens de Lyon n'échappent pas à la persécution sous le règne de l'Empereur Marc Aurèle. Incarcérés dans des prisons exigües de Fourvière, ils y meurent d'asphyxie, ou bien on les livre en pâture aux fauves, dans cet amphithéâtre dit "des Trois Gaules", que recouvre aujourd'hui le Jardin des plantes de la Croix-Rousse. Au sein de cette première communauté chrétienne on trouve le premier évêque de Lyon, Pothin, mort martyr en 177. Pothin est un des compagnons de cette esclave romaine, Blandine, originaire d'Asie Mineure, qui mourut la même année que Pothin. On raconte que les lions auxquels on la livra n'en voulurent pas, qu'il fallu, pour en venir à bout après lui avoir fait subir bien des sévices insoutenables, l'achever par le glaive. Tout cela se déroulait en juillet 177.

Sainte Blandine est depuis la patronne de la ville de Lyon.

À la mort de Pothin, c'est Irénée qui lui succède. Venant de Smyrne, ville importante d'Asie Mineure, vers 130, Irénée avait été disciple de Polycarpe, un proche de l'apôtre Jean. C'est ce Polycarpe qui a envoyé Irénée en Gaule travailler auprès de Pothin. Irénée s'insère dans la liste des Pères apologistes, au côté de Justin de Rome et d'Hippolyte, de Rome lui aussi. Sa mission s'étend assez loin puisqu'il forme à Besançon et à Valence dans la Drôme les premiers pasteurs. Il meurt à Lyon en 202 après la publication d'un édit de persécution par Septime Sévère. Ses reliques sont conservées dans l'église Saint-Irénée.

Le sort de ces premiers chrétiens de Lyon nous est relaté par cet évêque de Palestine, Eusèbe de Césarée († v. 340), dans son Histoire ecclésiastique, et plus précisément par la Lettre des chrétiens de Lyon (adressée) à l'Église de Smyrne avec laquelle il avait de cordiales relations, qu'Eusèbe a insérée dans son ouvrage.

Au Ve siècle, Lyon est l’une des capitales des Burgondes, ce peuple germanique établi sur le Rhin, qui vient de conquérir le bassin du Rhône et les Alpes. C'est de ce nom de Burgondes que vient le nom de Bourgogne.

Jusqu’au milieu du XIIe siècle, Lyon est au pouvoir des comtes de Forez et de Roannez, sous la souveraineté purement nominale de l’Empereur du Saint Empire romain germanique.

À partir de 1173, l’Empereur ayant reconnu à l’archevêque de Lyon, primat des Gaules, des droits souverains, le Lyonnais est séparé du Forez, et le pouvoir ecclésiastique gouverne la ville, usant du droit de justice, de celui de battre la monnaie et enfin de faire la guerre ("lever l’ost"). Ce régime déplait fortement à la puissante et florissante commune de Lyon, dont les bourgeois et les marchands réclament, un siècle durant, leur émancipation par rapport à l'autorité ecclésiastique.

Jean de Marigny, frère d'Enguerrand, proche conseiller de Philippe le Bel, est archevêque de Sens. Sens et Lyon rivalisent pour la primatie des Gaules que les Romains avaient découpé en trois, auxquelles s'ajoutait la Provincia, autrement dit la Narbonnaise. Ces trois Gaules se répartissaient alors ainsi : la Gaule Transalpine, ou lyonnaise, recouvrant les régions comprises entre Rhin, Alpes, Méditerranée, Pyrénées et Atlantique; la Gaule cisalpine, recouvrant ce territoire qu'est aujourd'hui l'Italie; la Gaule chevelue, composée de trois petites Gaules : la belge, la celtique et l'aquitaine. Au fur et à mesure que Paris s'affirme capitale du Royaume de France, l'évêché de Paris, tout comme le roi lui-même, supportent mal de dépendre de Sens.

En dépit des revendications de Jean de Marigny, qui contrôle donc le diocèse de Paris, l’archevêque de Lyon parvient à conserver le primat des Gaules, seule prérogative qui lui soit maintenue.

La ville est alors administrée par la “commune”, constituée de quelques riches bourgeois commerçants qui nomment chaque année, le 21 décembre, douze consuls à sa tête. Ce sont toujours de prestigieux notables choisis parmi les familles riches de la ville. On appelle alors ce corps consulaire le “syndical”.

Les bourgeois que les Lyonnais se donnent pour chefs, en 1285, mènent inlassablement la lutte contre l’archevêque afin d’obtenir l’annexion à la France. Après plusieurs révoltes malheureuses, il font appel au roi Philippe le Bel qui, en 1292, prend Lyon sous sa protection.

Le 10 avril 1312, un traité, conclu entre la commune, l’archevêché et le roi, réunit définitivement Lyon au royaume de France.

À la fin du Moyen Âge, Lyon parvient à un dégré de vitalité économique enviable. Fin du XIVe siècle, en effet, la ville compte une vingtaine de drapiers, autant de cultivateurs de pêches et d'abricots, qu'on appelle des "albergeurs", plus d'une trentaine de barbiers, de bouchers, d'épiciers, de "chairecuitiers", une quarantaine de boulangers et de poissonniers, des couturiers, des "escoffiers", autrement dit des chausseurs en plus grand nombre encore et près de... 90 notaires ! C'est dire !

 

Gérard LEROY, le 27 août 2008