Freud décèle dans les confidences de ses patients une similitude entre les comportements obsessionnels et le ritualisme religieux, placé sous le signe du devoir (1). D'où la similitude avec la névrose. Il y a des gens qui se demandent ce qu’il va leur en coûter de manquer la messe. Habités par cette la morale infantile d’obéissance qui récompensait leur sagesse d’enfant d’une médaille ou d’un compliment, ils espèrent que l’observance stricte du culte les récompensera du salut dans l’au-delà. Comme l’obsession consiste à conjurer une menace, elle serait une stratégie pour le culpabilisé. Pour Freud, la religion est l’expression détournée des désirs inconscients.

 La religion pour Freud, ne court pas à sa perte. Parce que la religion aide à supporter les vicissitudes de la vie, Freud ne croit pas à sa disparition prochaine (2). Elle aide le “moi-faible” qui craint les menaces des forces cosmiques; et croit plus à la magie de la religion qu’aux techniques.

 Elle aide le "moi-écrasé-par-les-autres”, par les contraintes de la vie sociale, les renoncements. La religion lui promet des dédommagements dans l’au-delà, ce qu’a fort bien souligné Marx.

 La religion aide enfin le “moi-frustré" par l’hostilité du destin. La mort angoisse. La religion offre à l’homme une réconciliation avec ce destin hostile.

 

 

Freud soulève deux questions

1) La religion est-elle une névrose réussie, comme le pense Freud, ou bien la névrose ne serait-elle pas la dégradation de la religion, la dérive pathologique de phénomènes religieux ?

 2) La religion relève des désirs inconscients, nous dit Freud. L’objet du désir serait-il fiction au seul prétexte qu’il est désiré ? Est-ce que le désir annihile ipso facto l'objet du désir ? Dit autrement : "est-ce que le pot de confiture disparaît du placard dès l'instant que je désire manger de la confiture ?"

 

G.L.

  • (1) cf. S. Freud, Actes obsédants et exercices religieux, Trad. Marie Bonaparte, 1932
  • (2) cf. S. Freud, L'avenir d'une illusion, 1927