Pour Marie, que j’embrasse

   À l’aube de la civilisation la nature était-elle plus clémente qu’aujourd’hui ? De nombreux changements climatiques ont pu, assurément, se produire depuis la préhistoire. Mais les données dont disposent les spécialistes sont par trop insuffisantes pour être précises. On nous apprend cependant que l’étude statistique des nombreuses analyses de pollens recueillis sur les chantiers archéologiques devraient nous permettre de dépasser le stade des hypothèses.

On tient cependant que, suite aux dernières déglaciations, le niveau des températures actuelles fut approximativement atteint vers 8000 BC. Les variations ultérieures ont surtout porté sur les régimes des pluies et des vents. On connut en effet des périodes de sècheresse, qu’on attribue à l’influence de vents dominants.

Le début du IIe millénaire, à l’époque où Abraham quittait Ur, en Chaldée, a connu le dépérissement de maintes civilisations, dont celles d’Iran par exemple. Au XIIe siècle, contemporain de la sortie des Hébreux d’Égypte, des troubles climatiques importants agitèrent le bassin oriental de la Méditerranée. La Mer des Roseaux, qu’ont eue à traverser les Hébreux en fuyant l’Égypte, s’est peut-être transformée à cette époque en un vaste marécage où se noyèrent les armées de Pharaon.

Mais c’est  l’action même de l’homme qui semble avoir été déterminante, en s’avérant néfaste. Des belles forêts de la Grèce, tant vantées par les Anciens, il ne reste aujourd’hui que de maigres vestiges. Les fameux cèdres du Liban ont été rasés, pour la plupart, par les charpentiers, ou encore destinés à la construction de navires. Les agronomes savent bien comment les excès du pâturage contribuent à anéantir la végétation, et qu’une irrigation débridée, à cause de la salinisation, peut ruiner les sols les plus fertiles.

Le touriste d’aujourd’hui ne retient de ces pays qu’une vision de vastes solitudes survolées. En réalité, de la Grèce à l’Indus, c’est sur ces immenses territoires que se développèrent les civilisations orientales, là où se trouvaient les conditions indispensables à une éclosion, sans doute fragile, mais dont l’immensité offrait à l’expansion de la civilisation un terrain privilégié.

 

Gérard Leroy,  le 7 janvier 2017