Pour Jean-Michel Jacquier, en hommage amical

   Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique est une organisation paramilitaire de la République islamique d’Iran qui dépend directement du Guide suprême de la Révolution, le chef véritable de l'État iranien. Le CGR, séparé de l'armée iranienne régulière, lui est en quelque sorte parallèle. Il dispose de sa propre marine, d’une armée de l'air et de forces terrestres. L’organisation est aussi responsable des missiles d'Iran sur lesquels l'armée régulière n'a aucun contrôle. 

Le Corps des Gardiens de la Révolution en Iran compte 150000 soldats, lesquels contrôlent une milice paramilitaire, nommée Basij, qui dispose de 90000 membres actifs et peut compter sur 300000 réservistes. En 2012 les Gardiens supervisaient la milice qu’ils avaient créée et les Forces de Défense nationale dont la vocation était de soutenir l’armée syrienne. Le Basij est partout, jusqu'à l’Université où ses professeurs peuvent contrôler l’Organisation étudiante.

Le réseau du Corps des Gardiens de la Révolution est ainsi composé de troupes régulées, de services de renseignement et de la milice Basij .

Sur le plan politique, les Gardiens de la Révolution sont liés et reliés au Guide suprême grâce aux contacts qu’ils entretiennent au plus haut niveau avec l’entourage proche du Guide. La plupart des gouverneurs de province et des membres du Cabinet de l’ex-président Ahmadinejad étaient des vétérans du Corps des Gardiens de la Révolution. Le Guide suprême qui succède à l’ayatollah Khomeini est cet autre ayatollah, Khamenei, que jalousent ses confrères concentrés dans la ville nommée « sainte » de Qom. Le Guide s’entoure d’officiers de haut rang devenues des personnalités politiques proches, mais toujours sous la menace d’accusations ou de délations. Ainsi, Baqer Qalibaf, maire de Téhéran depuis 2005, à été contraint de démissionner en avril 2018 suite à une levée de boucliers d’ultra-religieux qui lui reprochaient d’avoir assisté à un spectacle de danse de jeunes filles de 6 ans, ce qui apparaissait aux yeux de ses détracteurs « susceptible d’exciter les sens » !

Sur le plan économique les Gardiens détiennent des intérêts dans presque tous les secteurs. Le chiffre est estimé entre 10 et 33% de l’économie iranienne liée aux fonds et filiales du CGR. Les Gardiens détiennent plus de cent entreprises, dont le revenu annuel dépassait, en 2016, 12 milliards de dollars rien que dans la construction, auxquels il faut ajouter les milliards de dollars de contrats dans les industries pétrolières, gazières, et pétrochimiques. Avec l’absence d’appels d’offres qu’autorisait le gouvernement Ahmadinejad, les avoirs du CGR se sont sensiblement étendus.

L’Iran avait récupéré, au début de 2018, une partie de la perte des exploitations liée à l’embargo, bien que toujours en deçà du niveau de 2,2 millions de barils par jour en 2012.

Aujourd’hui, le Corps des Gardiens de la Révolution tente d’émousser toute perspective centriste-réformatrice regroupée autour du Président Rohani, en disqualifiant des milliers de candidats réformistes au Parlement (majlis) et à l’Assemblée des Experts, où siègent 88 hommes-clés du Guide suprême.

Tout cela sur fond de corruption que traduit  le réquisitoire implacable de Mohammad Rasoulof dans son film Un homme intègre.

 

Gérard LEROY, 21 juillet 2018

 

Pour une approche géopolitique on peut lire l’excellent n° des Cahiers de l’Orient (n° 123)

Pour une approche historique complète et détaillée, on peut se référer à l’ouvrage de Jean-Paul Roux, Histoire de l’Iran et des Iraniens, Fayard

Pour accompagner sa découverte de l’Iran, se munir de Patrick Ringgenberg, Guide culturel de l’Iran, Rowzaneh Publication, Téhéran