Pour Jean-Claude et Marie-Jo Ghisgant, en hommage amical

   Au XXe siècle, les Églises chrétiennes ont essaimé un peu partout dans le monde. Le catholicisme n’est plus un phénomène européen, ni l’orthodoxie un phénomène russe ou oriental.

D’hier à aujourd’hui, les mentalités ont changé. Hier, dans les années 50, on traduisait encore la foi catholique de façon dogmatique. Tout était vérifié quand on avait récité le même credo. On ne se posait guère de questions. On avait une conception assez autoritariste de la vérité. "Ne me demandez pas ce que je crois, demandez-le à l'Église !

L'unité d'hier a été vécue dans un contexte culturel où l'on avait la satisfaction de baigner dans un monde uni autour d’une même conviction philosophique.

Aujourd’hui, l'unité de la foi ne peut être comprise comme hier. On a un sens très vif de la vérité vérifiée existentiellement (on l'a essayée). La découverte de la vérité implique le sujet et la liberté. On a un sens très vif de la nouvelle épistémologie de la vérité, vérité toujours historique, portée, transmise et relativisée par l'histoire. L'autorité qui déclare la vérité a

beaucoup moins d'importance. L’argument d’autorité a perdu du poids, au grand dam des hiérarques qui en abusaient. Tout est objet d'interprétation. Le travail herméneutique est aujourd'hui indispensable.

Ce bouleversement, on le doit à Vatican II. Le concile Vatican II, ouvert par Jean XXIII en octobre 1962, a bouleversé l’image que le catholicisme donnait de lui-même. Il a suscité le renouveau biblique, patristique. Il a rompu avec les controverses pour s’engager dans le dialogue. Jean XXIII avait voulu “donner une bouffée d’air frais à l’Église”, pour adapter sa mission dans le monde, et pour faciliter la recomposition de l’unité. Si bien qu’au terme du concile on a levé les excommunications prononcées entre Rome et Constantinople. On en attend d’autres, qui viendront...

Le catholicisme laissait loin derrière Vatican I et les condamnations des erreurs modernistes. Vatican II proposait le respect de la liberté des hommes, sa solidarité avec leurs angoisses et leurs aspirations.

Vatican II rappelait que Jésus-Christ, à la fois médiateur et plénitude de la Révélation, en est la source unique, et que la voix vivante de l’Évangile reçue des apôtres porte en elle sa norme qu’est l’Écriture. 

L’Évangile revenait au premier plan. Les Pères en viennent alors à réformer la liturgie pour l’adapter au monde moderne, ce qui n’a pas plu à tout le monde, pas à ceux qui semblent plus attachés à la tradition qu’à la Révélation. Le concile Vatican II a créé une dynamique  désormais engagée dans le mouvement œcuménique, appelant tous les hommes à la communion divine, suivant le dessein de Dieu. Le catholicisme doit servir l’unité autant que l’universalité de l’Église, même si les réalisations historiques de ce qui s’est appelé “l’Église catholique” n’ont pas toutes été très catholiques ! 

La vérité découverte par les uns ne contredit pas celle découverte par d’autres. Nous devons avoir le souci de recueillir toute parcelle de vérité dans le tout d’une vérité donnée et toujours à explorer. C’est le propre de la théologie que Martin Heidegger lui-même définissait comme “la science du dévoilement d’un étant donné dans l’histoire”. 

 

Gérard LEROY, le 20 mars 2015