Réceptions d’Aristote au Moyen Âge

Pour Mgr Elias Slimane, en hommage amical

   L’aristotélisme repris par Thomas d’Aquin, est au XIIIe siècle un phénomène quasi universitaire, à Oxford et à Paris, qui réagissent différemment aux œuvres du Stagirite. À Oxford aucune condamnation ne vient en freiner l’étude. En revanche, à Paris, l’introduction de la Physique et de la Métaphysique, les livres de sciences naturelles et le De Anima à la faculté des Arts provoque, entre 1252 et 1255, une importante réaction et de violents affrontements intellectuels (1).

Ce que craint Paris, au Moyen-âge, c’est de voir la science païenne et les ouvrages arabes supplanter les disciplines établies. On s’en prend alors aux versions latines, trop approximatives.

Trois versions de L’Ethique à Nicomaque circulent au début du XIIIe siècle ! Allez vous y retrouver ! Il faut attendre 1260 et la traduction de la Politique, réalisée par le dominicain Guillaume de Moerbeke, fin connaisseur de la langue grecque, pour commencer à disposer d’une bonne révision sur le grec des ouvrages précédemment traduits.

Pendant toute la période de 1256 à 1270, Albert le Grand, alors maître régent de l’école de théologie des dominicains à Paris, entreprend de commenter les traités d’Aristote. Ce Frère Prêcheur a le dessein de les rendre lisibles à la chrétienté. Tandis que l’ancien régent de l’école de théologie des franciscains et fondateur institutionnel de cet ordre, le frère Mineur Bonaventure ne manque pas de dénoncer l'enseignement de certains maîtres parisiens de la faculté des Arts. On s’en prend alors à l’ensemble des thèses aristotéliciennes et averroïstes, qui portent sur l’âme humaine et sur l’éternité du monde, à un certain nombre de thèses caractéristiques de l’enseignement thomiste.

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