Le chantier de la restauration, dont l’installation à pied d’œuvre a commencé fin 2010, est sur le point de s’achever. Comme cela avait été programmé au début de l’année 2011, alors que l’édifice nous révélait toutes les difficultés que nous allions rencontrer, le chantier se termine par la restauration de la haute tour-clocher droite.

Le chantier s’est lentement déplacé durant ces 30 mois. Commencé du côté du chœur en s’attaquant à la tour lanterne, le travail avait très vite traité ce qu’il y avait de plus urgent, avec la réfection des toitures, et avec, en même temps, la restauration des façades, abordée aussi du côté du chevet en progressant vers le porche. Les travaux ont atteint enfin la façade, avec d’abord la tour-clocher gauche, puis le porche, et pour terminer, le traitement de la seconde tour-clocher qui achève, en ce début de printemps 2013, la restauration.

 

Le chantier a nécessité la mobilisation d’un grand nombre de compétences techniques. Les toitures, très exposées au vent violent et à la pluie battante, ont été traitées à l’identique de la volonté d’origine, en tuiles plates, mais celles-ci ont été fixées solidement, et posées préalablement sur un film, respirant et indéchirable, qui redouble l’étanchéité en cas de casse d’une tuile. L’étanchéité des dômes et des toitures en maçonnerie a été refaite à neuf sur des supports eux-mêmes refaits ou restaurés selon le cas.

 

Mais ce sont surtout les vitraux, une centaine de grands vitraux et une trentaine de rosaces, qui ont fait l’objet d’une attention particulière. D’abord à travers une restauration complète et parfaite sur le plan artistique, réalisée par les maîtres-verriers JB Dhonneur et V Peugnet. Ensuite, et comme les verrières constituent les points les plus fragiles à la poussée du vent et à la pénétration de l’eau de pluie, elles ont été doublées en extérieur par un verre feuilleté qui résistera au vent, à la pluie et aux oiseaux.

 

Une caractéristique marquante de ce chantier, dont les ouvriers se souviendront longtemps, réside dans les conditions climatiques très éprouvantes propres à la région d’Annaba. En effet, même si le climat d’Annaba est très agréable à vivre, il présente quelques sautes d’humeur, de temps en temps, sous la forme de petites tempêtes, et ces conditions engendrent de longues périodes durant lesquelles dans une même journée, le soleil, le vent et la pluie se succèdent, en empêchant un travail bien organisé : le séchage des façades est en effet nécessaire pour permettre leur mise en peinture et au contraire, il ne faut pas que dessèchent trop vite les enduits minces qui ont été apposés. Sans qu’il n’y paraisse rien, le chantier a en définitive souffert de très nombreux jours d’intempéries, ainsi cause de retard.

 

Heureusement, ce chantier a été beaucoup plus riche et complexe que la seule restauration du volume  de la basilique et de son enveloppe dégradée qui la mettait en péril. Aussi, pendant que les péripéties climatiques se déroulaient en extérieur, des travaux se déroulaient à l’intérieur, au plafond de la basilique d’une part, avec la consolidation de toutes les rosaces en plâtre – dont la chute aléatoire constituait une menace pour le public en dessous – et d’autre part sur toutes les parois intérieures de l’édifice – dont les surfaces aussi importantes que celles du volume extérieur, ont nécessité la mise en place d’échafaudages très importants.

 

Le travail de restauration et de remise en valeur a été conduit jusque dans les détails du « mobilier ». En premier lieu, la chasse de Saint-Augustin a été nettoyée délicatement et éclairée de l’intérieur ; son écriture de dédicace, effacée par le temps, a été restaurée pour être maintenant lisible. La magnifique chaire et le grand autel, en onyx et marbres précieux, ont aussi été nettoyés et mis en valeur. La remise en état, et en lisibilité, des peintures murales particulièrement raffinées des trois absides ont été confiées à Annie Andrès, restauratrice en peinture murale.

 

Cette complète et magnifique restauration de la basilique, bien située dans le paysage d’Annaba, se prolonge et s’amplifie dans la nuit grâce à une mise en lumière réalisée par Géraud Pèriole, pour rendre visible la basilique de très loin, tandis qu’en soirée, l’intérieur est mis en valeur pour les cérémonies ou les concerts et manifestations culturelles.

 

Et rien n’a été oublié, puisque l’orgue, en cours de restauration, pourra offrir de belles soirées musicales, à partir du printemps 2014.

Xavier David
architecte, historien de l’art,
le 23 mai 2013