À l'attention de Joseph Maïla, responsable du "pôle religions" au Quai d'Orsay. Avec ma sympathie.

C’est la désolation à Gaza, où le Hamas impose sa dictature militaire, tandis qu’est maintenu un blocus rigoureux sur cette bande de terre. On évite tout juste la famine en autorisant l’entrée des victuailles. Et les enfants sont promis à un avenir dépourvu d’instruction, en dehors de l’apprentissage du lancer de pierres.

Cette situation, en dehors de ce qu’elle est, en soi, insoutenable, génère et développe la soif insatiable de pouvoir qui a conduit ceux qui le détiennent à dicter leur loi à des hommes et des femmes nourris par eux d’une haine grandissante. L’apaisement ne peut être envisageable qu’à la condition que chaque membre de chacune des parties en conflit accepte d’entamer un travail d’introspection sur la part de ressentiment qu’il cultive à l’égard du camp adverse.

Chacun est blessé. Toute blessure génère le désir de vengeance, puis le désir de sentence, qui va déclarer coupable celui qu’on tient pour responsable de la blessure qui nous affecte. Il y a en quelque sorte un transfert de la vengeance en justice. Ceux-là mêmes qui ont commis l’offense doivent encourir la peine légalisée. Alors on compte les points. Pour les rendre. Coup par coup.

La paix authentique ne peut être l’issue des seules négociations diplomatiques faisant l’économie de la sensibilité politico-culturelle des populations. Elle exige de s’appuyer sur la reconnaissance mutuelle des offenses et des humiliations réciproques et la restauration de ce qui a été dégradé, de la dignité des personnes humaines, de la considération du groupe exclu et de sa capacité à se réintégrer.

Ces peuples qui souffrent des conséquences de leur haine d’autrui, pourraient profiter non pas d’une énième analyse de la situation, mais de l’intelligence du phénomène psychologique dont ils sont à la fois sujets et victimes et qu’ils cachent en partie derrière le paravent d’une volonté de réparation juste.

Utopie ou naïveté, un court ouvrage rédigé par six ou sept intellectuels invitant à l’auto-éthique de chacun des membres en conflit pourrait inspirer les peuples à s’investir dans la voie de la paix, plutôt qu’à attendre des voies  diplomatiques une aléatoire ou fragile solution. “Israéliens et Palestiniens, un même démon vous aveugle”, tel pourrait être le titre de cet ouvrage que préfacerait Monsieur le Ministre des Affaires étrangères.

En souhaitant qu’il retienne un instant l’attention des membres de la Knesset, du Hamas, du Fatah, du Hezbollah, ainsi que de tous ceux qui sont “travaillés”, soit par leur fonction, soit par désir humain, par la nécessité de trouver une solution au conflit entre Israéliens et Palestiniens.

Pourquoi pas ?

 

Gérard LEROY, le 27 juillet 2009