Merci au Frère François, Custode provincial et curé de Saint-Bonaventure de Narbonne, pour cet article publié dans le bulletin des Frères Franciscains Conventuels, sur le site: www.franciscains.eu .

 

1. Le rêve et la réalité. Un clin d’œil de l’histoire. En 1210 le Pape Innocent III rêve de saint François soutenant la basilique de saint Jean de Latran. Comment ne pas penser aux paroles du Christ : Va François répare mon Eglise ? En 2013 le nouveau Pape jésuite ne rêve pas mais, dès le début de son Pontificat, désigne saint François comme modèle pour l’Eglise du XXIe siècle. Il choisit d’être le Pape François.

Autre page de l’histoire, en 1773 le dernier Pape franciscain Clément XIV, poussé par les pouvoirs politiques de l’époque, supprime la Compagnie de Jésus. En 2013 le premier Pape jésuite honore saint François d’Assise. Par ce geste, il écarte les représailles historiques pour atteindre une hauteur évangélique. Le Pape n’est pas prisonnier de l’histoire et propose un présent fécond par ses paroles et ses actes.

2. Les signes de pouvoir et le pouvoir des signes. Le Pape François est le Chef d’une Eglise atteinte de toutes parts par l’altération du modèle humain et des valeurs morales. Son style dépouillé des fastes communique enthousiasme avec force: qualité humaine, esprit évangélique, goût de l’authenticité, appel à l’intériorité, souci pour les petits de notre monde, proximité. Des gestes et des contacts qui évangélisent l’attente et la sensibilité de ceux qui sont à la périphérie de l’Eglise. 

3. Pauvreté et fraternité. Avant lui, le pape Benoît XVI a donné un exemple de détachement au monde, un des noms de la pauvreté franciscaine. Pendant huit ans, il a œuvré par sa solidité doctrinale et sa profondeur spirituelle auprès des catholiques en donnant des signes forts d’ouverture envers les lointains. Son successeur, François, rêve d’une Eglise pauvre. L’exemple du détachement de Benoît XVI courageux et humble se poursuit  avec le pape François qui pose des actes simples et discrets guidés par l’intelligence et l’Esprit Saint. Pauvreté, simplicité et dignité, des manières d’agir propres aux disciples du Christ : parmi vous celui qui veut être le premier qu’il soit le dernier (cf. Mc 9,35). Le ministère pétrinien se façonne pour être signe d’autorité selon Dieu et non de pouvoir selon les hommes. 

4. Pâques : passage des cris de peur aux cris de joie. Notre pape François a invité les cardinaux et les fidèles à ne pas se laisser impressionner par le ciel gris de notre époque, à ne pas céder au découragement. Il nous invite à l’espérance. La vie chrétienne est un permanent passage du vendredi saint, habité par les forces qui défigurent nos vies, à la Pâque qui fortifie et féconde nos vies. Des cieux gris il y en a et il y en aura, mais le Christ est la lumière qui jaillit à Pâques pour nous dire : pourquoi pleurez-vous ? qui cherchez-vous ? (cf. Jn 20,15). 

Pour nous franciscains cette Pâque est  une sainte provocation pour notre vie ordinaire et notre mission. Le pape François commence son ministère pastoral en s’appuyant sur le Christ et en suivant l’exemple de saint François.

 

Pouvons-nous rester indifférents, passifs, immobiles ? Comme saint François, sortons de nos vies ordinaires pour vivre l’aventure extraordinaire de la foi. Soyons témoins du Très-Haut, Celui qui nous devance: Il nous précède en Galilée (Mc 16,7). Lui, le Seigneur, convertit nos cœurs lents à croire en  cœurs brûlants (cf. Lc 24,25.32).

Que la résurrection du Christ nous élève pour semer avec joie et passion la Bonne Nouvelle sur les chemins du monde, dans un souffle pour être source de ce cri de Pâques : Alléluia !

 

               Frère François Bustillo OFM Conv., le samedi saint 30 mars 2013