Pour François et Dominique Leviel, en signe d'amitié

    L’autiste s’isole de ceux qu’on appelle neurotypiques plutôt que “normaux” pour éviter toute connotation négative. L’autiste semble incapable d’interpréter l’intention exprimée par les mimiques d’autrui. On le voit balancer son corps, répéter des vocalisations, s’intéresser de façon obsessionnelle à des domaines précis, aux numéros de téléphones, aux prénoms etc.

Les neurosciences ont montré que la rigidité de l’autiste était liée à une lésion du lobe frontal, qui les rend incapables de s’adapter à une tâche, initier une action, gérer un comportement. C’est ce que laissent entendre les expériences d’Antonio Damazio aux USA (1).

On a cherché à comprendre les mécanismes à la base de ces comportements. L’implication génétique dans la transmission du handicap s’est appuyée sur des résultats empiriques issus de la psychologie expérimentale, Aujourd’hui, la neuropsychologie cognitive semble occuper une grande place dans l’effort d’explication de ce syndrome.

L’hypothèse que les autistes présenteraient un déficit des théories de l’esprit (TdE) repère l’incapacité d’interpréter autrui, son comportement, ses états mentaux. Ceci dit, les troubles du langage n’empêchent pas un haut niveau du développement intellectuel. L’atteinte des théories de l’esprit ne semble pas responsable à elle seule du déficit social dans l’autisme, car certains autistes réussissent parfaitement leurs tâches.

Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que la déficience intellectuelle n’atteint pas 40 % des autistes alors qu’on s'obstine à maintenir le chiffre de 75 % dans les manuels. On observe aussi qu’une partie des autistes déficients manifestent une autre forme d’intelligence, leur permettant d’accomplir des opérations très sophistiquées. Ils sont capables de mémoriser d’interminables listes de noms, de numéros de téléphones, des opérations de calcul nettement plus performantes que les neurotypiques. Souvenons-nous de ce film, Rain Man, dans lequel Dustin Hoffman campait merveilleusement un personnage autiste et génial.

La neuropsychologie de l’autisme, bénéficiant des progrès en imagerie cérébrale, a évolué depuis quinze ans et les modèles cognitifs ont été remis en question. La neuropsychologie évalue désormais chaque personne autiste individuellement plutôt que de déduire les performances d’une personne particulière à partir d’une moyenne de résultats. 

Gérard LEROY, le 23 septembre 2011

(1) cf. Antoine Damazio, Spinoza avait raison, Odile Jacob 2003