Pour Philippe Weickmann, en témoignage de ma profonde gratitude

Le Tibet était autrefois un empire très puissant. Il est aujourd’hui en quête d’une identité culturelle indépendante qui lui est contestée par son voisin chinois.

Le Tibet est l’objet d’une convoitise stratégique. En effet, si l’altitude de Lhassa n’atteint que (!) 3200 mètres, les montagnes qui entourent la capitale du Tibet s’élèvent jusqu’à 5000 mètres. Et l’on a de leurs cimes une vue imprenable sur tout le voisinage asiatique et indien.

Bien que son étendue actuelle n’excède pas le quart de la surface de la Chine, le Tibet occupe une superficie supérieure à plus de trois fois celle de la France. En revanche, sa population est beaucoup moindre. Et si l'on compte un peu plus de sept millions d’habitants au Tibet, dont deux cent mille résident à Lhassa, seulement cinq millions sont Tibétains. Y vivent aujourd’hui un million et demi de Chinois, au côté de sept à huit cent mille personnes d’origines ethniques diverses.

À cause de l’altitude la vie y est dure pour celui qui vient de la plaine. Le climat, continental, est en général sec et froid, caractérisé par de brusques changements de température.

L’économie de ce pays profite de deux fleuves qui le traversent après y avoir pris leur source. En effet le Brahmapoutre naît d’un glacier de la chaîne himalayenne, tout près de Lhassa, quitte le Tibet pour la Chine, puis le nord-est de l'Inde, avant de rejoindre le Gange au Bangladesh; le Mékong, natif du Tibet lui aussi, est prisé pour l'irrigation, la pêche, la pisciculture, et naturellement la production hydroélectrique. Le sous-sol est riche en minéraux, notamment de cuivre.

Les relations avec la Chine, très anciennes, ont causé des fortunes diverses à ce pays.

Au VIIe siècle, le Tibet vient d’être unifié. La population prend alors conscience de son identité, d’autant que c’est l’époque de la création de son écriture propre. Le roi du Tibet prend pour épouse une princesse chinoise. Le royaume s’étend alors à l’ouest sur une partie du Népal actuel, et à l’est sur une partie de la Chine.

Au XIIIe siècle, les Mongols qui s’en étaient allés prendre Bagdad et mettre fin à l’empire abbasside, font un détour pat le Tibet et le conquièrent, malgré la résistance que leur opposent Tibétains et Chinois, alliés pour la circonstance.

La religion dominante au XIIIe siècle, héritant de l’influence védiste des brahmanes et des moines bouddhistes, s’était singularisée, se plaçant sous l’autorité des lama, lesquels tentaient une synthèse entre bouddhisme et mythologie locale. L’autorité des lama, semblable à celle dont usait la caste des brahmanes, conduit à désigner la religion tibétaine de lamaïsme, dirigée par ceux qu’on appelle “Les Bonnets Jaunes”. Le grand chef spirituel des Bonnets Jaunes porte un titre mongol : le grand lama, qui, en mongol, se dit : “dalaï lama”.

Au XVIIe siècle, en 1642, les Mongols et les Bonnets jaunes destituent la dynastie royale tibétaine et installent le dalaï lama sur le trône.

Si, jusqu’au XXe siècle, le Tibet est sous protectorat chinois, le Tibet conserve, sur le plan spirituel, une prédominance à caractère référentiel. Quand, au début du XXe siècle, la Chine s’affaiblit, le Tibet met fin au protectorat chinois et déclare son indépendance en 1913. L’année suivante est proclamée la République populaire de Chine. En 1950, fort de son autorité et de la soumission de ses troupes autant que de son peuple, Mao Tse Toung envoie quarante cinq mille de ses soldats reprendre le contrôle de Lhassa. La résistance des Tibétains est vaine. Le sang aura beaucoup coulé.

En 1959 le dalaï lama est obligé de s’enfuir en Inde. C’est alors que le Tibet devient région autonome de la Chine.

L’année suivante Mao Tse Toung déclenche sa fameuse révolution culturelle chinoise. Des monastères bouddhistes sont pillés et détruits. Les moines sont envoyés dans des fermes.

C’est de ce pays que l’on entend gronder aujourd’hui la révolte. Une révolte que le peuple chinois ne comprend pas, convaincu que son gouvernement aide ce petit peuple qui a besoin d’être soutenu par le grand frère pour sortir de sa condition religieuse féodale et jouir, comme à Pékin, Canton, Shanghai ou Wuhan, des plaisirs et du confort de la civilisation moderne.

 

Gérard L., le 15 avril 2008