Très Chère Madame La Banque,

Vous m'envoyez régulièrement un courrier référencé P 14B 51 m'annonçant la tarification de vos services et je vous en remercie. C'est toujours un plaisir d'avoir de vos nouvelles. Il m'arrive seulement d'être contrarié quand, par oubli sans aucun doute, les tarifs n'y sont pas joints.

Vous voilà donc amenée, l'attrait pour le profit vous mobilisant plus que l'équité, à faire payer vos services à vos clients dont l'argent déposé que vous faites fructifier ne vous suffit plus. Comment allez-vous justifier cette initiative ?

Pour tout vous dire, j'ai cru depuis toujours à la sauvegarde de mes intérêts, garantie par votre bienveillant mercantilisme. Or, depuis deux ans le ciel s'assombrit de créantiers douteux, capricieux qui plus est. Il m'est pourtant arrivé de constater mes attentes satisfaites et, naturellement encouragé, j'ai projeté sur vous ma psychologie tout humaine, vous rangeant parmi les personnes prévenantes. Je m'évertue à vous complaire, espérant que Votre Excellence, rétributrice envers les sujets loyaux, continuera à les couvrir de ses grâces. Ainsi l'hypocrite que je suis se fait le mendiant de votre très haute autorité.

Mais septembre 2008 m'a réveillé. Mes yeux ont été ouverts. Ma confiance s'est effondrée. Aussi, de grâce, Chère, Très Chère Madame, n'allez pas comme il est de mode aujourd'hui, nous faire croire, ainsi que vous l'écrivez régulièrement, que vous êtres animée de "l'esprit de transparence" quand un autre esprit, moins digne celui-là, vous guide. En un tournemain stylistique vous tentez —c'est la raison d'être de votre marketing— de renverser la désagréable perception qu'on peut éprouver en apprenant cette arbitraire mesure, en gratitude devant tant de sollicitude ! Vous avez une bien piètre considération de vos clients.

À mon tour de vous inviter à y regarder de plus près quand vous parlez de vos services. Il m'arrive de n'être satisfait de mes rares réclamations qu'après plusieurs recours dont le dernier s'adresse à votre Directeur Général. Je ne serais pas étonné  de devoir payer le dérangement que je vous cause !

Les institutions comme la vôtre ont déresponsabilisé leurs gens. Ce que j'attends, et vous aussi sans doute quand vous êtes cliente, Madame La Banque, bref ce que les Français attendent prioritairement de leurs fonctionnaires, de leur plombier, de leur médecin, et aussi de leur banquier, c’est l’exercice d’un travail au moins bien fait. Pas un bavardage qui dissimule mal une volonté morale rebouillie qui voudrait encore faire croire aux bons sentiments.

Après la crise de septembre 2008 dont vous n'êtes pas innocente on s'attendrait, à bon droit, à plus de discrétion.

Je vous prie de croire, Très Chère Madame La Banque, en mes sentiments généreux.

Gérard  LEROY , le 22 octobre 2010