Délaissant derrière eux leur enfance, une maman inconsolable, leurs rêves balayés par les prêches de diables déguisés en maîtres de sagesse.

L’incarnation inouïe de la violence humaine rapportée chaque jour à la une de nos journaux, confirme la fragilité de la conscience et de la raison laissées à elle-mêmes, tandis que nous ressassons avec fierté le leitmotiv de nos valeurs, au principe de la codification des droits de l’homme. Il y a loin, et le fossé ne cesse de s’élargir, entre les impératifs d’une éthique des droits de l’homme, qui tend à devenir l’ethos commun, et l’engendrement précaire d’un nouvel ordre mondial qui soit sous le signe de la paix et de la justice. 

Pauvreté, Daesh, pollution, migrations, ce monde défiguré, abîmé, sali, dévasté, ne cesse de gémir en travail d’enfantement, qu’ignorent encore les combattants à la petite semaine obsédés par des débats éphémères et futiles. Notre drame d’aujourd’hui c’est la nouvelle déferlante d’un tsunami mondial. Des hommes souffrent, des enfants meurent, des hordes en haillons se traînent sous la menace le long des routes sans fin pour fuir la dictature assassine. Tandis que le batteur d'un funeste orchestre déverse ses cartouches comme dans un solo.

Comment enrayer la spirale de la violence ?  

Notre République (sainte ?) s’établit sur une trinité placardée sur nos édifices publics : Liberté, égalité, fraternité. 

La fraternité est aujourd’hui en panne. Au-delà de l'Éducation civique et de tous ces mots pieux qui ne font pas l'alpha et l'oméga de la morale, manque à l’appel la sollicitude. Au chapitre 58 du Livre d’Isaïe, l’Oracle du Seigneur Yahvé nous invite “à rompre les chaînes injustes, renvoyer libres les opprimés, partager le pain, héberger les pauvres, vêtir celui qui est nu et ne pas se dérober devant notre frère” (Is 58, 6-7).

Commençons par nous aimer. Ici. Maintenant. Afin que l’indignation s’élève d’un seul cri, comme l’arme seule capable d’éliminer la gangrène.

 

Gérard LEROY, le 15 novembre 2015