Pour Patrick de Roissy, en hommage amical

   Les quatre évangiles mentionnent Marie de Magdala comme l’une des plus fidèles disciples de Jésus. D’où vient cette femme ? Probablement est-elle originaire d’un village de pêcheurs bordant le lac de Génésareth. Elle ne cesse de coller à Jésus depuis que son Seigneur l’a exorcisée de “sept démons”. Elle le suivra, en compagnie d’autres femmes, jusqu’au Calvaire, et sera présente lors de la mise au tombeau du Crucifié. Tout comme elle sera la première, trois jours plus tard, à constater l’invraisemblable disparition du corps, elle sera encore la première à annoncer la nouvelle —et quelle nouvelle— aux apôtres dont on peut penser qu’ils ne la crurent pas d’emblée. Car dans cette Palestine du premier siècle une parole de femme n’a guère de valeur. C’est pourtant à cette femme inconnue de Magdala, nous raconte saint Jean, que Jésus adressa ses premières paroles de ressuscité. Ainsi Marie Madeleine fut elle le premier témoin de la bonne nouvelle du Christ ressuscité. 

La piété occidentale, à partir du VIe siècle, a fusionné l’image de Marie Madeleine avec cette

pécheresse repentie dont parle l’Évangile de Jean (Jn 8), et avec celle de Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare. Déjà, dans les communautés ascétiques et gnostiques des IIIe et IVe siècles, des évangiles apocryphes la présenteront comme la disciple préférée de Jésus. L’affaire fera du bruit. Les rumeurs continuent de courir encore aujourd’hui sur une liaison qu’aurait eue Jésus et Marie Madeleine. D’autres légendes avancent qu’elle serait allée jusqu’à Rome pour dénoncer Pilate auprès de l’Empereur lui-même, poussant même jusqu’en Gaule, à Marseille, où elle aurait fondé une communauté. Façon discrète d’expliquer l’inexplicable : sa disparition des Évangiles après la Résurrection.

 

Gérard LEROY, le 9 mai 2014