Il y a 10 ans, Paul Ricœur...

Pour Sylvie Queval, en hommage amical

   Le 20 mai 2005, c’est comme si le ciel s’était tout à coup couvert. Paul Ricœur nous quittait. Jean Greisch avait écrit que les fenêtres de sa pensée étaient ouvertes sur le monde entier. Ce soir de mai, manquait à la veillée un interlocuteur de taille pour disserter des grands débats du siècle.

Son itinéraire, complexe, partant d'une position «existentialiste», héritée de ses maîtres Karl Jaspers et Gabriel Marcel, l’avait conduit à la phénoménologie. Il avait abouti à une méditation sur la mémoire, l'histoire, le pardon et la réconciliation. P. Ricœur, à la différence de nombreux penseurs, avait embrassé tous les grands domaines, de la psychanalyse à l’herméneutique, en passant par l’épistémologie, la philosophie analytique, la morale et l’éthique. Avec lui on avait affaire à une sorte de “décathlonien” de la pensée, poussant jusqu’à un remarquable commentaire de la Bible, avec André LaCocque. 

Très tôt orphelin il part pour Rennes où, à 14 ans, marqué par la condamnation de Sacco et Vanzetti, il s’intéresse à la philosophie. L’agrégation en poche il enseigne à Saint-Brieuc, puis

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