Au cours des 4 premiers siècles la Bible ne se présentait pas en un seul gros volume mais en morceaux, tous écrits à la main. Si l’un détenait ainsi le livre des Chroniques, un autre pouvait disposer des livres de Samuel et des Rois, un autre du livre de Josué etc. La traduction la plus répandue était celle de la Septante, dont la rédaction a commencé au IIe siècle avant Jésus-Christ, la Septante étant la traduction, la première, de la Bible hébraïque en Grec. On sait qu’une forte communauté juive n’était pas rentrée en Judée quand le perse Cyrus, en 537 av. J.C., décida de libérer le peuple juif de l’exil où les avait déportés Nabuchodonosor. Épris de culture hellénistique les gens de cette diaspora restée en Asie Mineure avaient fini par oublier leur hébreu et se trouvaient donc incapables de lire leur texte fondateur. 

Le roi pharaon Ptolémée II (1) a cherché à réaliser le syncrétisme entre les deux civilisations, grecque et égyptienne, afin que son royaume devint le principal foyer de la culture hellénistique. Souhaitant obtenir un exemplaire de la législation des juifs, et aidé pour cela du responsable de la fameuse bibliothèque d’Alexandrie, un certain Démétrios, Ptolémée réunit soixante-douze traducteurs auxquels il donne la charge de traduire la Bible en Grec, ce qui va avoir pour effet d’assurer les juifs de la diaspora de pouvoir enfin lire, étudier et transmettre la référence de leur religion.

On peut donc penser, en vertu du souhait de Ptolémée de connaître la législation des juifs, que la première traduction de la Septante était d’abord réduite à la Torah. Il a d’ailleurs fallu attendre la moitié du Ier siècle de notre ère pour voir l’achèvement de ce travail de traduction (2).

 

Au IIe siècle l’Ancien Testament a été traduit en syriaque. Il a fallu attendre le IVe siècle, pour voir rassemblés tous les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament en “codex”. Ce Codex, nommé Codex Sinaiticus a été rédigé entre 325, année du Concile de Nicée, et 360. 

 

Les Pères de l’Église ne se contentent pas de parcourir leur fragments de Bible, ils les apprennent par cœur. Leur choix se porte surtout sur les cinq premiers livres, Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome qui constituent ce qu’on appelle la Pentateuque. Ils apprennent aussi les Psaumes, ou les grands prophètes tel qu’Isaïe, ainsi que l’Évangile et les écrits de Paul. 

 

Ce n’est que vers la fin du IVe siècle, que saint Jérôme traduit la Bible en latin. C’est cette Bible qu’on appelle la Vulgate pour signifier “commun”, “ordinaire”, “populaire”. 

 

 

Quels sens tire-t-on de l’Écriture ? Les Pères s‘attachent au sens littéral, ou historique, ce qui ne veut pas dire que tout ce qu’ils lisent est pris à la lettre. Ils savent que le support historique peut parfois être essentiellement chargé de symbolique. Le sens spirituel dévoilé délivre à son tour le sens allégorique, qui porte une préfiguration du Christ, par exemple chez certains grands prophètes, comme Isaïe. 

 

L’écriture est aussi porteuse de sens moral et nous porte à actualiser l’interprétation (3).  

 

Les Pères s’attachent aux sens littéral et spirituel, ce qui est dit dans la lettre et ce qui concerne l’esprit, “la loi de l’Ancien Testament et la foi dans le Nouveau Testament, la prophétie et son accomplissement, la vie présente et la vie à venir” (4). Origène s’attache, lui à trois sens, on l’a vu : le sens corporel, le sens moral, et le sens spirituel, tandis qu’Augustin décèle quatre sens. Augustin sera suivi par les exégètes médiévaux d’Occident pour dire, par exemple, en parlant de Rome, que le mot renvoie d’abord à la ville (sens corporel), au monde (sens allégorique), à l’esprit (sens psychologique), et encore à l’Église en son cœur (sens mystique). 

 

 

 

 

Gérard LEROY, le 30 juillet 2013

 

  1. qu’on appelait Philadelphe, “qui aime sa sœur, ou son frère”.
  2. qui n’intégrait pas certains livres particuliers tels que le Qohélet (l’Ecclésiaste) ou le Livre de Ruth, qui ont été ajoutés à la Septante vers le milieu du IIe siècle. Rappelons que l’Ancien Testament est composé de 39 livres, et le Nouveau Testament de 27 livres.
  3.  cf. le Talmud, et la Mishna. Le Talmud (hb : étudier) est l’ensemble des écrits canoniques des juifs composé après le IIIe s. en araméen. On connaît deux Talmud, celui de Babylone et celui dit “Palestinien” de Jérusalem. La Mishna (de shana qui signifie répéter), est un recueil de lois déduites de la législation de la Bible. 
  4. cf. Adalbert- G. Mamman. Les Pères de l'Église, Nouvelle édition revue et augmentée par Guillaume Bady, Cerf 2010.