Cyrille de Jérusalem (313-387)

 Pour Valentine de Braquilanges, ce clin d'œil amical

Ce Jérusalémite probablement de souche, dut recevoir une bonne formation si l’on en juge par ses talents oratoires. Il est ordonné prêtre à vingt ans par l’évêque de Jérusalem, un certain Maxime. Cyrille lui succédera vers 350, ordonné évêque par un dénommé Acacius, archevêque métropolitain influent de Césarée de Palestine, philo-arien, convaincu d'avoir trouvé en Cyrille un allié. Cyrille fut aussitôt soupçonné d'avoir obtenu la nomination épiscopale grâce à des concessions à l'arianisme qu’Acacius protégeait.

 

Mais Cyrille se heurte dès la première année de son mandat à ce métropolitain de Palestine, qui reproche à Cyrille d’avoir vendu des objets sacrés pour apaiser les besoins en temps de famine. L’alibi marque l’opposition tant sur le terrain doctrinal —Acacius pactisait avec les ariens— que sur le terrain juridictionnel. Cyrille, dans son désir de s’émanciper, en vient à revendiquer l'autonomie de son siège par rapport à l'Eglise métropolitaine de Palestine (le métropolite est un archevêque qui a pour fonction de coordonner les évêques des diocèses de sa province ecclésiastique). La réaction du métropolitain ne se fait pas attendre. À son initiative un synode est organisé à Jérusalem, qui dépose Cyrille, lequel résiste... jusqu’à ce qu’une escouade vienne l’expulser manu militari. Un prélat arien remplace Cyrille, lequel connaît son premier exil qui va durer deux ans, de 357 à 359. Ses positions vaudront à Cyrille deux autres exils : en 360, sur décision de l’ennemi Acacius et, enfin, le plus long, à partir de 367, qui durera onze ans, à l'initiative cette fois de l'empereur sympathisant arien Valens. Sur trente-huit ans d’épiscopat Cyrille en aura vécu seize en exil ! 

 

Ce n'est qu'en 378, après la mort de l’empereur Valens qui l’avait combattu, que Cyrille de Jérusalem peut reprendre définitivement possession de son siège. Il commence par panser les plaies, puis déploie toute son énergie pour reconquérir la frange arienne importante de Jérusalem et rétablir l’unité des chrétiens.

 

Notre évêque reste fidèle, malgré toutes les vicissitudes qu’il lui faut endurer, au concile de Nicée. Moins batailleur qu’Athanase, moins théologien qu’un Hilaire à Poitiers, Cyrille, écrit Guillaume Bady, “avait la force tranquille de la foi, la constance dans l’épreuve, le souci de la charité et de l’unité, dans la vérité ” (1).

 

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