L'unité des chrétiens - Marcel Légaut commenté par Xavier Larère

 

   Le souvenir vivant de Jésus constitue bien l’essentiel et l’originalité du christianisme, mais, avec l’accumulation des préoccupations idéologiques, éthiques et théologiques, les oppositions et les divisions se multiplient. Phénomène ancien, qui a commencé lorsque les premiers croyants, fascinés par la perspective du retour imminent du Christ dans sa gloire, se sont trouvés incapables de découvrir, au-delà du merveilleux dont les traditions populaires sur Jésus correspondaient trop bien à leur religiosité atavique, le caractère extraordinaire de la vie de Jésus, et surtout  de l’évolution intime que lui avaient inspiré, au long de son histoire, sa foi et sa fidélité. 

 

L’impuissance des hommes à être conscients de ce cheminement de Jésus,  du Judaïsme traditionnel, hautement spirituel, à une religion filiale, intériorisée, missionnée, compte sans doute parmi les causes de la multiplication des divisions entre chrétiens.

 

Les réunions d’experts ne sont pas inutiles pour démanteler les barbelés dont les Eglises se sont entourées pour légitimer leur existence propre. Mais, pour que le travail de rapprochement soit solide, il faut nettoyer les fondations et que dans chaque camp, les théologiens critiquent les origines, les développements, les avatars qu’ont connus les doctrines propres à leur Église. Il n’est pas sûr que ce travail d’intelligence soit actuellement possible, tellement le peuple chrétien est mal préparé à accueillir les conclusions sévères auxquelles les spécialistes sont conduits en conscience. Pour que soit possible une union en vérité, nos Églises auront à passer par la porte étroite d’une conversion douloureuse, avec une phase d’agonie qui leur permettra enfin  de comprendre ce que Jésus a vécu dans ses derniers instants, puisque c’est sur le même chemin qu’elles se trouveront engagées….

 

Rien n’est gagné, car nos Églises, préférant ce qui est objectif, enseignable, cultuel et collectif,  refusent sa juste place à l’intériorité et ne répondent pas à l’attente des hommes d’aujourd’hui. Ceux-ci vont alors chercher ailleurs les voies d’une vie personnelle libre d’être soi, singulière dans sa vérité vécue, capable de communion avec autrui au-delà de toute uniformité.

 

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