L’accomplissement théologique de la philosophie

Pour Marc Grassin, en hommage amical

   Du IVe au Ve siècle on assiste à un rapprochement de la philosophie au sein du christianisme. Athanase, le théologien de l’Incarnation au Concile, connaît bien les gnostiques dont Alexandrie est remplie. Il observe une similitude de pensée entre ces gnostiques et les Ariens qui refusent l’identification de Jésus le Fils et de son Père. Ces gens prétendent atteindre par eux-mêmes une totale connaissance du divin sans que la raison en soit troublée. Le théologien d’Alexandrie, qui revendique une entière rationalité de la foi authentique contenue dans les Écritures et transmise par la tradition ecclésiastique, réussit à stigmatiser l’irrationalité des Ariens. Le débat n’oppose pas une théologie fondée sur la lecture de l’Écriture et une hétérodoxie philosophique. Athanase est préoccupé par le partenariat intellectuel que permet une alliance entre la foi chrétienne et la philosophie.

De sorte que l’Écriture s’offre à être comprise et par la théologie et par la philosophie. Origène, Athanase, les Cappadociens, Jérôme, Augustin, tous ont été forgés dans le feu du platonisme. La théologie de Grégoire de Nysse doit beaucoup au néoplatonisme et Grégoire se montre comme un véritable philosophe lui-même sans abandonner sa mission théologique. Ces gens ont trouvé dans l’Écriture des récits où l’humain se retrouve, où la symbolique s’offre à passer au crible de la critique textuelle, herméneutique, permettant d’accéder à une vérité signifiante plus importante que le support historique, impossible à dire d’un simple point de vue scientifique ou philosophique, impossible à transmettre « sans le secours, le détour du symbole et du mythe » (Jean Greisch). La signification de la vérité est impossible à dire et à transmettre sans ce secours du symbole. Il convient donc, non pas de démythifier (comme le fait l'athéisme), mais démythologiser, c'est-à-dire interpréter.

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