Pour mes amis Hélène, Jean-Marc et Roland

La culture est religieuse, principalement, et se transmet oralement. Les traditions sont entretenues à travers les réunions d’anciens, les banquets, les conversations, les fêtes. La Bible, répétée et commentée, demeure la source de tout savoir. Pour ce qui concerne les croyances, les païens sont majoritaires, sauf à Jérusalem. Chaque cité a sa divinité, bien à elle. Le culte de l’empereur ne se porte pas concurrent. Au temps de Jésus on a affaire à un florilège de croyances diverses. On croit aux démons, et l’on s’adonne à des pratiques d’origine égyptienne ou babylonienne.

La cosmologie hérite des cosmologies anciennes de l’Égypte. Au temps de Jésus on raconte que pour créer Dieu coupa, sépara (en hébreu : bara, cf Gn 1, 1) l’océan primordial. Entre ces parties la terre forme un grand plateau sur lequel des colonnes supportent le firmament, sorte de coupole où sont accrochés les luminaires : le soleil, la lune, les étoiles. Au-dessus, Dieu demeure. Un système de vannes de l’océan céleste laisse passer la pluie. Au-dessous de la terre les eaux primordiales surplombent le séjour des morts.

L’astrologie a une grande importance dans toutes les classes de la société. Les juifs s’en distinguent radicalement par leur observance de la loi. Le Dieu de l’Alliance reste l’unique Seigneur.

La langue communément parlée à Jérusalem n’est pas d’abord l’hébreu mais l’araméen, issu du paléo-hébreu emprunté à partir du VIIIe siècle aux Phéniciens. On peut voir un vestige de paléo-hébreu sur une plaque du tunnel construit par le roi Ézéchias (716-687) à Siloé, au sud de Jérusalem.

L’araméen, au VIIIe siècle, est la langue diplomatique et commerciale depuis la Mésopotamie jusqu’à la Méditerranée. Au retour de l’exil, l’écriture dite “hébreu carré” supplanta l’araméen qu’on retrouve sur de nombreux manuscrits de la Mer Morte. 
La prière, au temps de Jésus, se dit ordinairement en hébreu (cf. le Notre Père). À Jérusalem on sait le grec, sans doute le latin (cf l’inscription sur la croix de Jésus). Le commerce, lui, use du grec.


C’est à Alexandre le Grand (336-323) que la Palestine doit l’héllenisation. Sauf dans les campagnes les plus reculées, le Grec devient la langue commune et, à Rome, la langue des gens cultivés. Le Romain est un homme épris de culture. Ce n’est pas, comme on l’imagine souvent, le soudard botté et casqué passant le plus clair de son temps sur les champs de bataille, et qui se fait vomir à ses moments perdus, dans un lupanar. De nombreuses familles, et pas seulement les gens des beaux quartiers, prennent à demeure un philosophe, pour éduquer leur fils. La tradition grecque, les coutumes, la philosophie s’inscrivent dans l’éducation. On entend parler Grec un peu partout dans les rues. Les juifs de la diaspora qui se rendent au Temple parlent Grec. On comprend que le message de Jésus, délivré en araméen, soit exprimé en Grec dès les débuts de la prédication apostolique. 

Au temps de Jésus, de nombreux juifs savent lire et écrire. On écrit sur des tablettes d’argile à l’aide d’un stylet, sur du papyrus, rare et cher, ou sur des parchemins qu’on enroule autour d’un manche de bois et qu’on déroule, comme aujourd’hui encore dans les synagogues, pour les lire. 

Quand aux expressions artistiques on observe en premier que la musique et le chant marquent toute fête ou funérailles (Mt 9, 23). La prière chrétienne est, elle aussi chantée dès les premiers temps de l’Église (Ac 15, 25), accompagnée de cithares, de cymbales, de flûtes, de trompettes. 

Les juifs aiment aussi danser, particulièrement aux vendanges et aux noces. Ils ne semblent pas avoir de divertissements particuliers. Les jeux cruels et violents, appréciés des Romains, n’ont jamais été pratiqués en Israël.





Gérard LEROY, le 15 mars 2013