Pour Jean-Marie, ce petit signe amical

   Il faut attendre le XIXe siècle pour que soit désignée du nom de “roman” l’architecture des XIe et XIIe siècles en France. Et si on lui affuble ce qualificatif, c’est tout simplement parce que cette architecture remet au goût du jour les principes établis depuis bien longtemps par les Romains. Ce qui d’abord est reproduit par les architectes médiévaux, c’est la voûte en berceau dont la surface cylindrique de l’arc intrados —juste au-dessus de nos têtes— s’origine dans la voûte en plein cintre. Les voûtes en berceau vont se décliner selon divers types.

À partir du XIIIe siècle, d’abord en Angleterre puis en Normandie et dans toute l’Europe par la suite, les espaces “voûtés” deviennent plus larges grâce aux arcs placés en diagonale de la voûte permettant de reporter la pression vers les angles. Cette nouvelle architecture donne naissance à ce qu’on a appelé les voûtes d’ogive, offrant donc la possibilité d’élargir les espaces. 

L’hexagone n’étant pas, au XIIIe siècle, un pays unifié mais composé de seigneuries, on peut aisément admettre qu’il n’y avait pas d’école française et que les styles sont alors aussi divers que les territoires indépendants. Au XIe siècle les capétiens règnent sur le duché de France, le roi est un seigneur parmi d’autres, sans vassalité cependant. À la fin du XIIe siècle, on compte seize grandes entreprises de domination sur tout le territoire après qu’on en eût compté plus de cent deux siècles auparavant.

Les styles régionaux déclinent les éléments architecturaux de l’art roman, et développent donc l’arc en plein cintre, les différents types de voûtes, les tours, les éléments décoratifs. Les quatre routes principales qui sillonnent la France et qu’empruntent les pèlerins se rendant à

Saint-Jacques de Compostelle sont jalonnées d’églises votives. L’église saint Saturnin, plus communément connue sous le nom de Saint Sernin, à Toulouse, en est un exemple. 

Les pèlerins, qui voyagent sur tout le territoire influencent la propagation des styles, ainsi que le dessin des églises qui ont mission d’accueillir non seulement le clergé mais aussi les foules de pèlerins. Un déambulatoire épouse l’abside de manière à pouvoir accéder aux chapelles subsidiaires qui sont à l’origine des chapelles intégrées de chaque côté du transept.

Ainsi, peu à peu, l’édifice s’organise de façon à répondre à sa mission, c’est-à-dire accueillir sans discrimination, mais en marquant toutefois la séparation entre le clergé et les fidèles, comme on marque aussi la différence entre le maître-autel et les autels des saints.

 

Gérard LEROY , le 22 septembre 2014