Comment se présente la chrétienté au début du IIIè siècle

 À mes amis des Soirées théologiques

Au IIIe siècle on observe un développement de la pensée chrétienne, entraînée à un approfondissement stimulé par les hérésies qui fissurent la chrétienté, aucune ne faisant l’unanimité. On consacre beaucoup de temps aux homélies et aux commentaires de l’Écriture. On s’oppose aussi, parfois à cause de malentendus liés à la langue. Les mots utilisés à Rome ou à Lyon n’ont pas le même sens à Antioche ou à Constantinople.  À cela ajoutons les facteurs politiques et culturels qui interviennent aussi dans la définition des dogmes.

 

Les persécutions se poursuivent au IIIe siècle, alternant avec des moments d’accalmie. Le christianisme étend son attrait. Tertullien avait écrit, en 197, avec une élégante conviction : “Courage, bons gouverneurs, qui devenez beaucoup meilleurs aux yeux du peuple, si vous lui immolez des chrétiens, tourmentez-nous, torturez-nous, condamnez-nous, broyez-nous! C'est une preuve de notre innocence que votre iniquité ! Et voilà pourquoi Dieu supporte que nous supportions ces tribulations. Car naguère encore, en condamnant une chrétienne à la maison de débauche plutôt qu'au lion 8, vous avez reconnu que la perte de la pudeur est regardée chez nous comme un mal plus atroce que toute espèce de châtiment et que toute espèce de mort. Mais elles ne servent à rien, vos cruautés les plus raffinées. Elles sont plutôt un attrait pour notre secte. Nous devenons plus nombreux, chaque fois que vous nous moissonnez : le sang des chrétiens est une semence.”(1)

 

Autant le reconnaître : au IIIe siècle, l’Empire s’affaiblit en même temps que le christianisme s’affermit. Les Barbares rêvent de conquérir l’Empire et se montrent menaçants aux frontières. L’économie se dégrade à cause d’une inflation galopante, la ferveur patriotique s’émousse. L’Empire romain, menacé par les Perses Sassanides en Iran, affaibli par des troubles internes, doit de se maintenir en Orient grâce à un prince de Palmyre, dont la veuve, Zénobia, tentera de se séparer de Rome en s’auto-proclamant “Reine de son Empire” tandis qu’un autre s’auto-proclame Empereur des Gaules. Le tout sur fond de peste, de brigandage, de persécutions et d’Empereurs assassinés. On en compte deux fois plus que de morts de mort naturelle ! Ces Empereurs, constatant l’intérêt qu’exerce le christianisme sur certaines élites, cherchent à mobiliser le peuple par un surcroît de culte impérial, stratégie dont l’histoire sera marquée à plusieurs reprises pour de funestes issues. 

 

L’autoritaire Septime Sévère, mort en 211, né en Libye et donc premier Empereur africain, fait son credo de l’armée, de la bureaucratie et de l’astrologie. Craignant l’essor des groupes religieux il interdit le prosélytisme, ce qui a pour effet de rendre illégal le catéchuménat, en vigueur depuis le début du IIIe siècle. Les catéchumènes sont alors appréhendés, comme Perpétue ou Félicité arrêtées à Carthage, en 203. Elles meurent, elles aussi, martyres. Nous avons conservé, grâce sans doute à Tertullien, leur journal de captivité, et le récit de la “Passion de Félicité et Perpétue" (2).

 

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