Le temps dans l’antiquité grecque

Pour Brigitte Vanni, en hommage amical

   Entre l’être immuable de Parménide et le changement observé par Héraclite, le thème du temps est au cœur des débats de l’antiquité grecque.

En Grèce, le concept de temps ne traduit pas exclusivement ce qu’on perçoit communément comme chronos (Χρονοσ), qu’Aristote définit comme la mesure du changement d’un état entre un avant et un après. Une deuxième approche du temps, le kairos (Καιροσ), s’en distingue en désignant un temps particulier, celui de la venue du salut, de la parousie, voire du Messie, approche paulinienne de la temporalité que Martin Heidegger appellera « le temps kairologique ». Le mot kairos, très usité dans l’anthropologie médicale grecque aussi bien par Hippocrate que par Galien, désigne le temps opportun pour intervenir dans la maladie. On rencontre le terme dans l’évangile de Jean, où kairos s’articule sur le krisis, renvoyant en l'occurrence à une situation critique dans laquelle le jugement et la décision s’imposent. Une troisième approche grecque du temps le désigne par le terme aion (αιων), qui est une manière de donner sens à l’éternité se rapportant au temps. Saint Augustin reprendra cette approche pour définir le temps comme « image mobile de l’immobile éternité ».

L’homme peut chanter le temps, le raconter, « se » raconter sur des modes divers. Cette diversité masque l’unité du temps qui subsiste cependant comme figure de l’espérance. Le temps humain est considéré comme fini, et le temps divin comme infini, ou plutôt comme négation du temps, ce qui est le propre de l’ « illimité ». Dans l’iconographie grecque, aion c’est l’éternel enfant, la source qui ne se tarit pas. Héraclite évoquant l’idée d’enfance perpétuelle, écrit : « Le temps (αιων) est un enfant qui joue aux dés. À cet enfant appartient le royaume. »

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