Éthique n’est pas morale

Pour Gérard Lévy, avec mon amitié
   Le mot “éthique” est aujourd’hui sur toutes les bouches sans qu’on sache d’ailleurs très bien ce qu’il signifie, ce qui l’amène à être très souvent confondu avec la morale. À vrai dire rien, dans l'étymologie, n'impose la distinction : l'un vient du latin (mores), l'autre du grec (ethos), et les deux renvoient à l'idée de mœurs.

Cependant l'on s'accorde, aujourd'hui, pour distinguer deux attitudes. D'une part les comportements individuels et sociaux en regard des normes qui les autorisent ou les interdisent. Les balises de l'interdit font qu'un acte est moral ou pas, selon qu'il s'inscrit à l'intérieur de ces normes. Ce qui, de ce point de vue, donne à la morale sa caractéristique obligatoire, marquée par des règles, des obligations, des interdictions. Ainsi la morale est-elle caractérisée par deux choses à la fois : elle doit pouvoir s'adresser à tout le monde, c'est son exigence d'universalité, et tout le monde ne peut pas faire n'importe quoi, c'est sa caractéristique d'effet de contrainte. D'autre part on distingue les actes, autorisés certes, mais qui sont spécifiques en tant qu’ils s'accomplissent sous le signe d'actions estimées bonnes, et qu’on range dans la catégorie de l’éthique. L'éthique c'est la visée dynamique d'une vie accomplie sous le signe d'actions estimées bonnes. L’éthique ce n’est ni plus ni moins que la quête de la vie bonne.
 

Continuer à lire

Pages