Pour Maryline et Emma, que j'embrasse

   Au 1er siècle de notre ère, les maisons témoignent à la fois d’un certain luxe, mais aussi d’un souci religieux que souligne la présence de nombreux bains rituels qui témoignent de l’importance des rites d’eau destinés à la purification.

Les maisonnettes jouissent en général d’une vue imprenable sur le Temple, cœur de la vie liturgique de tout un peuple.

Il y eut une ville avant la destruction menée en 70 par l’empereur Titus contre la révolte des juifs, et une ville après. Éternelles restent les deux vallées profondes, la Géhenne, au sud de la ville, et le Cédron qui serpente entre la ville et le mont des Oliviers. Toutes deux se rejoignent au sud pour former l’unique wadi (oued) qui s’en va vers la Mer Morte.

Le spécialiste Joachim Jérémias a estimé à hauteur de 20000 le nombre d’habitants à l’intérieur de la ville, et entre 5 et 10000 ceux qui se trouvaient hors les murs. Un professeur israélite contemporain, de l’université de Tel Aviv, a proposé une estimation équivalente d’environ 35000 résidents au total, 4 ans avant notre ère, au temps d’Hérode le Grand.

Le Temple

À cette époque, le cœur de la cité était le Temple, visible de loin, resplendissant de ses pierres blanches, qui suscitait la fierté du peuple juif. L’édifice détruit par Nabuchodonosor en 588 et 587, reconstruit au retour de l’exil, disposait d’un sanctuaire modeste qu’Hérode le Grand avait entrepris d’agrandir. Les travaux mis en œuvre par Hérode, qui s’étendirent sur une petite vingtaine d’années, n’étaient pas achevés à sa mort (cf. Jn 2, 20). L’ensemble fut incendié en 70, sous les assauts de Titus.

La partie la plus importante du Temple est sacrée, située au fond et séparée par un voile de la grande salle. On l’appelle le Saint des Saints. Seul autorisé à franchir une seule fois l’an le seuil du Débir  : le grand prêtre de la synagogue. L’historien Flavius Josephe prétend que « il n’y a rien dedans » . Dans « le Saint » écrit F. Josèphe, « on y voyait trois choses : le chandelier à sept branches, la table sur laquelle reposaient douze pains, et l’autel de l’encens. » À Rome, l’arc de triomphe de Titus a gardé le souvenir de cette pièce, qui montre un bas-relief représentant cette table et ce chandelier aux mains des soldats romains vainqueurs.

Le Temple de Salomon avait abrité la fameuse « Arche d’Alliance » renfermant les Tables de la Loi remises à Moïse, vénérée avec ferveur jusqu’au départ en exil, moment de sa disparition.

Devant cet ensemble on peut imaginer l’animation qui a dû régner, au rythme des grandes séquences de l’année liturgique juive, les pèlerinages, les processions, les chants, les sacrifices offerts, les enseignements et toutes sortes d’activités diverses.

 

Fontaines et piscines

La situation de Jérusalem rend particulièrement crucial le problème de l’eau, lié aux exigences de la vie domestique, mais aussi aux prescriptions religieuses. Dans un pays où la saison sèche s’étend d’avril à novembre, soit près de huit mois, l’approvisionnement en eau était à la fois un souci collectif et individuel.

Devant la menace du roi Assyrien Sennachérib (704-681), le roi Ézéchias avait décidé de faire creuser un tunnel de plus de 500 mètres pour permettre l’approvisionnement de Jérusalem en eau, depuis la source de Gihon jusqu’à Siloé (2 R 20, 20).

Les résidences privées disposaient de bassins à degrés recouverts d’enduit. Ces miqwa’ot domestiques servaient aux rites de purification auxquels la religion juive, depuis le Lévitique, attachait une grande importance. Les bains d’immersion rituels consistaient en une brève mais totale immersion du corps nu dans l’eau pure, permettant au juif observant de se purifier. Le problème majeur restait l’alimentation en eau de ces miqwa’ot (bassins pour le bain rituel, singulier : miqweh).

La piscine de Siloé, bien connue des touristes, est alimentée par l’eau de la source de Gihôn, drainée en souterrain par le canal d’Ézechias. C’est là que Jésus guérit l’aveugle, appliquant sur ses yeux de la boue, mélange qui unit le principe matriciel (la terre) au principe dynamisant des transformations (l’eau).

 

Gérard Leroy, le 30 avril 2021