De tous les messages qui nous parviennent, en provenance du siège new-yorkais de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix, nous portons une attention particulière à celui que vient de nous adresser notre Secrétaire Général, nous informant de l'initiative de réunir, à l'occasion du dîner de rupture du jeûne du Ramadan, d'éminents personnages politiques et religieux. Le but de cette réunion est d'engager plus encore au service d'une paix à laquelle travaille sans relâche notre ONG depuis 1970.

 

 

Message du Secrétaire général de Religions pour la Paix

New Tork, le 19 septembre 2008

Permettez-moi de vous informer par cette lettre d’un événement qui aura lieu à New York près du siège des Nations Unies le jeudi 25 septembre 2008.

Religions pour la Paix patronne avec le Conseil Œcuménique des Eglises, le Comité central mennonite, le comité de service des Amis (quakers) et le bureau des quakers auprès des Nations Unies un dialogue entre des responsables politiques et religieux éminents sur le rôle central revenant aux communautés de croyants pour faire face aux défis mondiaux et construire des sociétés en paix.

Ce dialogue se déroulera au cours d’un repas de rupture du jeûne du Ramadan. Les éminents participants comprennent S. Exc. Miguel D’Escote Brockmann, président de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Rév. Kjell Bondevik, ancien premier ministre de Norvège, président du Centre d’Osle pour la paix et les droits de l’homme, et S. Exc. Mahmoud Ahmandinejad, président de la République islamique d’Iran. M. John Brademas, “trustee” de Religions pour la Paix présidera la rencontre.

Etant donné les controverses soulevées par la présence du président de l’Iran, j’estime important de partager avec vous et avec le réseau de Religions pour la Paix tout entier une déclaration claire relative aux objectifs de notre participation et aux convictions de base de notre organisation.

Le dialogue entre les responsables politiques et religieux ouvre une voie utile à la construction de la paix. La rencontre du 25 septembre a pour titre : “N’avons-nous pas été créés par un seul Dieu ? Le sens des contributions religieuses à la paix”. Le but du dialogue est de bâtir des ponts de compréhension qui puissent promouvoir la paix, et de permettre aux participants d’explorer le rôle des communautés de croyants quant à des questions mondiales telles que la guerre, les préjugés et la misère, tout en approfondissant leur compréhension mutuelle. Ce dialogue est le quatrième d’une série en cours depuis 2006 de rencontres de réconciliation et de construction de ponts. Il poursuit le dialogue de plus en plus étoffé que les groupes de croyants mènent avec des responsables politiques, religieux et universitaires de l’Iran.

Les positions auxquelles Religions pour la Paix attache une importance majeure depuis des années sont claires et n’ont pas changé. 

Ces positions comprennent :

1) que nous partageons la reconnaissance largement répandue de l’holocauste comme une réalité historique et l’un des plus grands crimes de l’Histoire ;

2) que nous nous prononçons pour un règlement juste et non-violent du conflit israélo-palestinien, en étant convaincus que toute solution de ce conflit doit assurer aux deux peuples la paix et la justice et le respect de leurs religions ;

3) que nous nous opposons à la prolifération nucléaire et appelons toutes les nations disposant de l’arme nucléaire à travailler au désarmement ;

4) que nous croyons à la dignité humaine et agissons pour le respect universel des droits de l’homme ,

5) que nous rejetons le terrorisme sous toutes ses formes.

Je limite intentionnellement la liste de nos engagements à ces quelques points, car on a beaucoup lié le président de l’Iran a des positions relatives à ces questions qui diffèrent d’une manière importante de celles que Religions pour la Paix soutient depuis longtemps. Il est donc important de bien noter qu’en acceptant de co-parrainer cette rencontre, Religions pour la Paix ne s’écarte en aucune manière, directement ou indirectement, des positions auxquelles elle est fortement attachée. De fait, ce dialogue fournit aux participants l’occasion d’exprimer de façon franche, en présence les uns des autres, leurs préoccupations profondes.

Bien que les organisateurs aient veillé à ce que le déroulement de la rencontre mette l’accent sur le rôle de la coopération entre les responsables religieux et les politiciens en vue de la paix, il n’en reste pas moins que de vives tensions existent entre certains Etats et l’Etat iranien. Ces tensions se reflètent aussi au Conseil de Sécurité des Nations Unies. A cet égard, vous pourrez trouver de l’intérêt à l’article de l’International Herald Tribune paru le 16 septembre 2008 qui note l’exceptionnelle unité de vues des anciens secrétaires d’Etat américains Madeleine Albright, Colin Powell, Warren Christopher, Henry Kissinger et James Baker, soutenant tous que les Etats Unis doivent parler avec l’Iran. En citant ce point, mon intention n’est pas de
mettre en relief les tensions existant entre deux pays, les Etats Unis et l’Iran, mais de noter l’étendue du consensus existant au sein du monde politique quant à la sagesse et à la valeur du maintien de lignes de communication ouvertes entre des groupes entre lesquels existent des divergences majeures, des différences dans les principes et de graves tensions. 

Religions pour la Paix sait par expérience que la recherche de la paix nous conduit souvent à être en rapport avec des gens avec qui nous sommes en désaccord sur des points très importants.

Cette constatation est apparue très tôt dans l’histoire de Religions pour la Paix. Au cours des deux premières décennies de son existence, Religions pour la Paix a favorisé de remarquables rencontres entre les responsables politiques les plus impliqués dans la guerre froide et les responsables religieux affectés par elle. Des responsables religieux des blocs de l’Est et de l’Ouest et des Etats non alignés se sont unis dans leur engagement envers la paix, et ils ont fait appel ensemble aux responsables politiques du monde de la guerre froide. Ils ont été reçus par les chefs d’Etat à Moscou, Pékin et Washington. A cette occasion, de nombreux responsables de Religions pour la Paix ont rencontré des politiciens gravement compromis dans les brutalités de la guerre froide et des guerres par procuration liées à celle-ci.

Il est certain qu’au sein de Religions pour la Paix, les divers responsables religieux appréciaient de manière différente les bases morales invoquées par les protagonistes de la guerre froide. L’organisation n’en est pas moins restée fidèle à ses principes fondamentaux en promouvant un dialogue profondément nécessaire entre les Etats. Cet exemple tiré de notre passé suggère que nous pouvons aujourd’hui aider quelque peu à faire en sorte que les lignes de communication restent ouvertes entre des Etats aux prises avec des tensions sévères, même si nous avons de graves préoccupations morales quant à certaines de leurs pratiques.

Tandis que Religions pour la Paix n’abandonne pas ses principes fondamentaux, l’histoire de notre organisation donne des raisons d’espérer que des efforts sincères tendant à maintenir ouvertes les lignes de communication entre des parties en conflit peuvent se révéler utiles.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de réfléchir à ces points avec moi.

 A vous, en esprit de partenariat.

 

Dr. William F. Vendley,
Secretaire general of World Conference of Religions for Peace, le 30 septembre 2008