Bruno Launay, ingénieur agronome passionné d’économie politique, a bien voulu nous faire part de son observation sur l’actualité. C’est bien volontiers que nous reproduisons ici son point de vue.

Notre propos n'a d'autre ambition que de rapporter un constat et faire part de quelques prévisions.

Nous sommes submergés d'informations ou de procédés communicants; dans le même temps nous disposons de moins en moins de temps, voire de courage, pour prendre du recul et pour déceler les tendances lourdes qui commencent à façonner notre société de demain.

Jamais en effet, depuis la Libération, le monde et la France n'ont été soumis à des forces autant déstabilisatrices. La structure de nos sociétés et ses modalités de fonctionnement sont appelées à changer profondément.

Je propose ici quelques-unes des tendances lourdes en action que je repère.

  • La révolution technologique. Inaugurée avec l'apparition des premiers micro-ordinateurs (à partir des années 80) elle se poursuit aujourd'hui avec la diffusion massive d'internet. L'un des débats associé à ce phénomène porte sur le lien social et sur l'individu.
  • La contrainte énergétique. La crise économique en cours ne masque que partiellement la problématique énergétique. Le Pic oil, qui marque le passage d'une abondance de l'offre à la raréfaction est en train de se réaliser. Or, des pans entiers de l'industrie, du transport, mais également l'agriculture, sont très dépendants du prix du pétrole. Ce qui s'est passé en juillet 2008, alors que le baril atteignait 147,50 $, n'est probablement qu'une étape précédant la flambée de l'or noir au cours des prochaines décennies.
  • Le changement climatique. Nous sommes de plus en plus convaincus d’une élévation de température moyenne de 4 à 6°C au cours de ce siècle. Ce choc climatique aura des conséquences directes sur l'occupation des sols et sur les mouvements de population.
  • La crise économique. Phénomène passager ou tendance lourde ? La réponse à cette question est fondamentale mais il est encore trop tôt pour y répondre avec certitude. Si les États sont capables d'absorber le choc en socialisant les pertes accumulées par le système financier et économique tout en conservant une crédibilité en tant que débiteur, alors la modalité de production de richesse pourra fonctionner à nouveau. En revanche, si les montagnes de dettes que sont en train d'accumuler les États post-industriels provoque une défiance des créanciers, alors cette crise entraînera une rupture fondamentale du fonctionnement de nos économies et de la localisation du pouvoir économique.

Des chiffres laissent rêveurs :

  • le PIB des États Unis est estimé à hauteur de 14 230 milliards de dollars
  • le Budget Fédéral des États-Unis en 2009 est de 3 100 milliards de dollars
  • le Déficit de l'État Fédéral en 2009 atteint 1 850 milliards de dollars

Le déficit budgétaire représente donc 13% du PIB, mais le déficit de l'État représente 60% du budget total. En d'autres termes, l'État compte plus sur la bienveillance de ses créanciers que sur ses recettes fiscales !

Ces forces ont la particularité d’opérer simultanément, se complètant, s'opposant parfois. Au regard de ces constats, nous pouvons esquisser l'avenir de certains aspects de nos sociétés. Il ne fait pas de doute que de nouvelles modalités de consommation vont apparaître dans un avenir proche.

 

Bruno LAUNAY, le 30 juin 2009