Vous partez ? Quand ? Où ?

En cette période c’est chaque jour qu’il nous faut répondre à cette question. Mon boucher me l’a posée, à moins que ce ne fut moi qui la lui ai lancée, histoire de m’organiser.

Vous partez ? La question peut s’arrêter là, comme un réflexe de politesse, comme un “ça va ?” qui n’attend pas de réponse, ou du moins toujours la même. Bien embêté celui qui s’entend répondre : “pas fort, non !”

Partir c’est comme s’il s’agissait de quitter, plus que de rejoindre, de se soulager, d’oublier un instant, de laisser derrière soi les affres d’une vie effrénée, plus que d'aller jouir de moments convoités.

Partir, pour ce que l’on recherche, n’implique pas nécessairement des kilomètres d’autoroute ou des heures de vol. Jacques Brel, sauf erreur, disait qu’ “un homme peut passer un mois en Chine sans ramener autant qu’un autre qui aurait passé huit jours à Clermont-Ferrand !

Partir c’est déconnecter du quotidien, c’est venir à l’écart, à l’écart de ce qui nous encombre, chercher aussi à se délester, parfois de son moi tout aussi encombrant que le reste. C’est traduire, sans être assuré de la satisfaire, cette volonté de changement, de distraire sa vie, que certains perçoivent ennuyeuse ou trop monotone.

Ce désir de partir traduit aussi celui de se retrouver, se retrouver soi, retrouver ses racines, et ceux qui continuent de vivre là.

Cette fascination de l’ailleurs vers lequel on tend ne serait-elle pas une sorte de transposition du paradis, animée par le rêve, qu’un achat de billets nous ouvre. Bien des affiches d’agences de voyages jouent sur cette nostalgie et récupèrent ce rêve d’un au-delà. Le ciel offert par quelques compagnies aériennes a en effet quelque chose de... céleste !

Avant de partir : sommes-nous sûrs que le ciel est forcément lointain ? Et si cet ailleurs, dont nous rêvons, c’était d’abord ici, autrement ?

 

G.L., le 5 août 2008