Pour Aline Laborit, en hommage amical

   Serait-ce exclusivement dans le domaine privé que peut s’exprimer la religion ?

C’est ignorer que la religion n’instaure pas seulement un lien subjectif avec une instance transcendante, mais un lien social avec l’humanité saisie tout entière dans la communauté de son destin.

La vie religieuse de l’homme aspire, par sa nature même, à s’épanouir en public. Le service laïque du bien commun ne demande-il pas, de son côté, c’est sa nature même, à s’approfondir en dialogue et par delà devenir fécond ?

L’esprit donné à la laïcité en 1905, loin du prurit radical qui s’étend aujourd’hui, n’oppose pas l’ordre du religieux à l’ordre du séculier, lequel s’érige, pour certains en absolu et n’aboutit qu’au désenchantement. Aristide Briand, comme Jean Jaurès, reconnaissent tous les deux la consistance et la légitimité propres des deux ordres. « La France n’est pas schismatique. Elle est révolutionnaire. Tantôt elle marche avec Rome » disait Jaurès.

Aujourd’hui, on encourage la clairvoyance qui conduirait la laïcité à prendre en considération les éléments constitutifs de l’homme, dont la vie religieuse, indissolublement personnelle et communautaire, aspire au respect, plus dynamique que la tolérance.

Aujourd’hui la laïcité française se présente sous des aspects dogmatiques. Ce dogme a quelque chose de furieusement jaloux. Il s’apparente à une religion acariâtre, brandit un drapeau miteux, et boue tel un catalyseur névrotique et pathologique de l’identité nationale. Le mal français laïc n’est pas une simple démangeaison : c’est la canonisation dogmatique et sans raison d’un état réfractaire à toute transcendance.

Les dogmes sont comme des réverbères. Ils éclairent le chemin de ceux qui avancent. Il n’y a que les ivrognes pour s’y accrocher !

Gérard Leroy, le 13 janvier 2023