Aujourd’hui les va-t-en-guerre se multiplient. Recep Erdogan en Turquie, Kacsynski en Pologne, Matteo Salvini en Italie, Viktor Orban en Hongrie, Rodrigo Duterte aux Phillipines, Donald Trump aux États-Unis, et depuis quelques jours le jumeau de D. Trump, Jair Bolsonaro, au Brésil, font peser sur le monde une idéologie funeste. 

Ces extrêmes droites n’ont pas une origine commune. Certaines donnent de la corne de brume devant une civilisation qu’ils perçoivent en crise  ; d’autres s’annoncent carrément fascistes, ce qu’aucun n’osait décliner hier. La droite brésilienne, qui brandit la thématique commune à ces droites extrêmes, en commençant par le refus de l’autre, emboîte le pas de D. Trump qui a annoncé l’envoi de 10 à 15000 soldats contre la caravane, à la frontière mexicaine, assurant les migrants que l’armée n’hésiterait pas à leur tirer dessus. 

D. Trump a adhéré aux thèses de ces évangéliques, pratiquants protestants d’extrême droite, essentiellement blancs, qui représentent 25% de la population américaine. Selon la spécialiste de la politique américaine Nicole Bacharan, 81% de ce quart de la population américaine, a voté D. Trump. Ces gens sont pour Trump un bloc électoral clé. 

Aux USA, les protestants évangéliques s’étaient jadis tenu à l’écart de la scène politique, se contentant de défiler dans la rue pour empêcher les super marchés de vendre de l’alcool le dimanche après-midi, ou de rédiger des pétitions pour qu’on cesse d’enseigner dans les écoles la théorie de l’évolution. C’est récemment qu’ils sont entrés d’une façon brutale sur le terrain politique pour participer et assurer la seconde réélection de Reegan, à travers des mouvements comme la Moral maturity, ou la Christian coalition qu’on a vu plus récemment en faveur de Clinton. Il est clair qu’ici on n’est plus devant du religieux privatisé. 

C’est au Texas qu’on trouve le plus de fondamentalistes chrétiens, représentés par la Southern Baptist Convention, qui ne compte pas moins de seize millions de membres. Ces gens, marqués par la double culture baptiste et sudiste s'affirment comme des fantassins armés contre tous ceux qui sont dans l’erreur de ne pas les suivre ! Ne craignant pas le ridicule, le président de cette tristement célèbre Southern Baptist Convention avait déclaré à l’occasion de l’intronisation du Président Reagan, que “Dieu n’entend pas la prière des juifs”. Et ce, en présence de personnalités juives !

On peut en éprouver de la stupéfaction. Pour comprendre, il faut tenir compte de ce que la SBC croit et annonce que la fin de l’humanité sera inaugurée par les pires catastrophes de l’histoire, précédant le retour du Christ. 

On guette donc tous les signes de cataclysmes qui pourraient l’annoncer. Et le signe inéluctable de la fin des temps c’est d’abord l’arrivée de l’Antéchrist, qui s’exprime par diverses forces hostiles à Dieu qui s’opposeront alors à l’établissement du royaume du Christ. Qu’on se rassure : l’Antéchrist sera vaincu au dernier jour ! L’histoire ne devient comprise que comme un combat entre le Christ et l’Antéchrist. 

Selon cette perspective eschatologique propre à ces baptistes, Israël doit survivre… pour être exterminé ! Voilà pourquoi la SBC soutient les juifs. Comment procéder à leur extinction s’il n’y en a plus ? Voilà pourquoi la SBC soutient par exemple le programme israélien d’implantations de colonies juives ! 

Ces évangéliques vivent dans un monde fantasmé annonçant que les juifs qui ne se convertiront pas au christianisme iront directement en enfer, avec les hindouistes, les musulmans, les mormons et tous ceux qui sont à la marge.

Une idéologie funeste, vous disais-je, qui esquisse un retour de l’holocauste. 

 

Gérard LEROY, le 6 octobre 2018