Pour Pauline de Marmiesse, en hommage amical
L’on considère la volonté non seulement comme résultante des désirs liés au corps ou à l’imagination, mais aussi comme faculté spirituelle. Ces facultés doivent donc être assumées par le Verbe en son incarnation. De même que nous attribuons à Jésus la perfection de l'homme de même nous croyons tout autant que sont en lui deux volontés, l’une tenant de sa divinité, l’autre de son humanité.
« Père, s’il est possible que ce calice s’éloigne de moi, non pas comme je veux mais comme tu le veux ». Il y a la volonté de l’homme que Jésus a assumée et celle du Père dans laquelle lui et le Père sont le même. Cette volonté du Père ne peut être autre que celle du Fils. Mais une est la volonté divine, autre est la volonté de notre humanité.
Le fils de Dieu fait homme choisit librement selon sa volonté humaine, il ne cherche pas à accomplir le désir de bonheur qui serait naturel à sa nature individuée s’il était une simple personne humaine. Il cherche à accomplir instrumentalement l’œuvre de Dieu dont le but librement choisi est notre salut. « Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur la terre. ».
Le salut ne vient pas du monde, il vient au monde. « Le monde est comme l’homme : il naît, il vit, il meurt » (saint Augustin). Le salut n’a rien à voir avec le succès, ou avec la satisfaction de revendications, encore moins avec le déversement haineux contre l‘autre « hérétique ». Le salut n’est pas dans l’art de l’utilité, de l’artifice et de l’intrigue dont Machiavel est le mentor. Le salut est donné. Ce don est révélé au matin de Pâques.
L’être croyant se tourne vers Jésus comme Christ et se doit d’investir dans une recherche d’un sens à l’existence, un souci du prochain à servir. Il doit exiger de la politique qu’elle soit une éthique, comme acte de penser l’autre comme co-partenaire d’un monde qui ne se fera pas sans lui, sans ses aspirations, ses intérêts, ses désirs.
L’attitude de celui qui croit que Jésus est Christ doit jaillir du tissu conjonctif ecclésial dans sa richesse globale, nourri de ce peuple qui fait Église. La foi se justifie en étant ouverte au monde, aux questions contemporaines, en s’enrichissant des apports des sciences humaines, et en demeurant enracinée dans la tradition vivante de l’expérience d’une foi vécue et féconde depuis l’événement fondateur du christianisme.
Et d'annoncer que le salut ne viendra pas du château. Il vient du ciel.
Gérard Leroy, le 3 janvier 2025