Les catastrophes re-posent la question du mal

Pour Marie Launay, que j’embrasse

   Cette question est une pierre d’achoppement pour la philosophie. Nous sommes confrontés au choc existentiel causé par les expériences modernes diverses. Qu’il soit naturel ou moral, subi ou commis, le mal provoque la pensée et suscite l’interrogation sur le sens même de l’existence.

Dans quelle mesure le tremblement de terre de Lisbonne marque-t-il un tournant dans l’approche du mal ? (cf Voltaire et Pierre Bayle).Voltaire était dévasté, indigné. Les habitants de Lisbonne n’étaient pas en effet de plus grands pécheurs que les habitants de Paris ou de Londres, notait Voltaire. La raison est incapable de l’expliquer. Et Voltaire d’abandonner la raison. C’est la leçon de Candide : cultivez votre jardin et renoncez aux incommensurables pensées métaphysiques sur la signification des choses.

Pour sa part Jean-Jacques Rousseau invitait à se concentrer sur ce qui dépend de nous. Il faut cesser d’interpréter le monde naturel comme un ensemble de signes indiquant les desseins de Dieu ou de qui que ce soit. Pour lui, il s’agit de traiter le monde de manière scientifique.

Les tremblements de terre, les fléaux ou les volcans sont des maux naturels qui ont été considérés comme une punition de Dieu pour le mal commis par les hommes. Nous optons pour la culpabilité.

Au XVIIIe siècle, la culture scientifique et le positivisme se sont détournés de la religion traditionnelle pour se rapprocher du déisme. Il y avait bien un Créateur, si parfait (Descartes) que le monde était comme une montre fabriquée par un horloger génial : telle était la métaphore de l’époque.

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