Que fait l’Église dans le dialogue inter-religieux

Pour Yves Giorello, en hommage amical

   L’émergence de nouvelles religiosités et de nouvelles communautés chrétiennes ne doit pas nous faire oublier le défi permanent des grandes religions historiques comme  l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam.

Non seulement elles maintiennent leur emprise sur leurs fidèles, mais elles recrutent de nouveaux adeptes sur le territoire de l’ancienne chrétienté. Le pouvoir des médias, la rapidité de la communication et le nouveau flux migratoire des populations ont modifié l’ancienne carte missionnaire du monde. L’Europe compte déjà plus de 15 millions de musulmans et l’Amérique du Nord découvre avec ferveur la sagesse des grandes religions de l’Orient. À l’heure de la mondialisation, nos sociétés sont de plus en plus multi-culturelles et pluri-religieuses.

    Il s’agit d’une véritable révolution dans l’histoire religieuse de l’humanité et on ne dira jamais assez la chance que représente la nouveauté du dialogue interr-eligieux pour la communauté mondiale à l’aube du troisième millénaire. À cet égard, l’Eglise catholique qui témoignait d’un exclusivisme religieux intransigeant a joué un rôle de pionnier. Le concile de Vatican II représente une mutation sans précédent envers ceux que l’on désignait encore comme les païens. L’Eglise encourage désormais une attitude de respect et d’estime à l’égard des autres religions du monde et la théologie récente des religions est désormais en faveur de la reconnaissance des autres traditions religieuses comme voies possibles de salut.

Voilà qui modifie les formes de la mission de l’Eglise et de l’annonce de la Parole de Dieu à tous ceux qui appartiennent aux religions non chrétiennes.

Gérard Leroy, le 6 décembre 2024

cf. G. Leroy, Le salut au-delà des frontières, Ed. Salvator

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Le patchwork religieux du Liban

Pour Sophie Guerlin, Hélène, Jean-Marc et Roland, en hommage amical

      La spécificité du Liban c’est la nature confessionnelle de son système politique.  La présidence de la république est dévolue à un chrétien maronite, doté de pouvoirs exécutifs. C’est lui qui nomme le premier ministre et les membres du cabinet après consultation. Quant au président du parlement celui-ci doit être issu de la communauté chiite, le poste de premier ministre étant réservé à un musulman sunnite.

Les sièges du Parlement sont divisés à part égale entre chrétiens et musulmans. Ces sièges sont subdivisés entre toutes les divisions confessionnelles parmi lesquelles il nous faut distinguer les chrétiens maronites, les grecs orthodoxes, les grecs catholiques, un protestant, les musulmans sunnites, les druzes, les chi’ites, divisés eux-mêmes en 4 groupes (les duodécimains qui attendent le retour du douzième imam (Medhi, † 873) ; les septimains ; les zaydites du Yemen, les Ismaélites.

La communauté maronite a été la communauté religieuse la plus influente jusque dans les années 1970, ce qui lui favorisait un poids économique important jusqu'à ce que la guerre civile éclate en 1975. L’accord de Taëf signé le 22 octobre 1989 marque la fin de la guerre civile et institue le fonctionnement du système confessionnel actuel.

Les accords de Taëf ont permis un compromis sur le plan de la représentation politique. Ils ont fixé le nombre de députés à 128, porté par un récent projet incluant de nouveaux membres de confessions chi’ite, sunnite et druze à 134. Le parlement compte 64 députés chrétiens et 64 musulmans. Sunnites et chiites, sont représentés en nombre égal (27 députés) Les députés maronites sont au nombre de 34. Cependant les intérêts particuliers, les rivalités entre les groupes et les personnes continuent de générer le népotisme et la corruption.

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L’islam face au défi de la modernité

Pour Anne et Stephane, en hommage amical

   Les médias considèrent volontiers la croissance démographique des musulmans dans les pays de l’Union européenne comme le début de l’islamisation progressive de l’Europe.

L’émergence d’un islam européen est un évènement historique considérable qui concerne le destin même de l’islam comme deuxième religion du monde. Il concerne aussi les dérives de la mondialisation à laquelle le monde musulman est confronté aux valeurs occidentales. L’Europe compte plus de 15 millions de musulmans. Est-ce une chance historique pour une coexistence de l’identité musulmane et de l’identité occidentale ?

L’histoire de la communauté mondiale est appelée à la convergence progressive de tous les peuples.

1) Il convient de distinguer d’abord la modernité scientifique. Historiquement, la civilisation arabo-musulmane a contribué de manière éminente au développement des connaissances scientifiques. L’époque Abbasside a été marquante dans l’évolution des mathématiques, de la médecine, de l’astronomie, de la pensée philosophique. Bagdad et Bassora ont été les capitales intellectuelles du monde.

Aujourd’hui on constate  un vif attrait pour les industries de pointe dans le domaine de l’informatique dans les pays musulmans. Comme si le monde musulman voulait faire la preuve que la révolution industrielle et numérique n’entraînait pas fatalement une stérilisation du sentiment religieux et une sécularisation de la vie quotidienne.

2) La modernité politique est inséparable d’une modernité économique et sociale qui a transformé les rapports entre l’Etat et les instances religieuses dans les sociétés occidentales. Il s’agit essentiellement de l’avènement d’un Etat de droit fondé sur le contrat social et non sur un principe transcendant, de la séparation de l’Etat et du pouvoir religieux, de la laïcité et de la reconnaissance de la liberté religieuse. Sur ce terrain, il y a un décalage entre les sociétés démocratiques de l’Europe moderne et la plupart des sociétés musulmanes.

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