Où en est l’œcuménisme 500 ans après Luther

Pour Patrick Duprez, en hommage amical

   On a dit de Luther qu’il était... orgueilleux, dissimulateur, violent, sensuel. Cette réputation est encore en vigueur même chez des gens relativement cultivés. 

Point de vue polémique : du coup, on a cherché à discréditer l’adversaire, sans aucun esprit de dialogue, mais visant une victoire dialectique. 

Point de vue théologique : On peut rattacher les différences entre catholiques et protestants à une différence dans la façon de concevoir l’eucharistie et surtout sur le réalisme de l’Incarnation.

Point de vue historique : L’histoire a visé un résultat apologétique par voie de dénigrement. 

On ne peut traiter par le mépris ”l’événement capital de notre histoire qu’est encore et toujours Luther” (Nietzsche). On ne peut se dispenser d’un patient travail et du temps nécessaire pour parvenir à une communion et une fraternité de travail avec d’autres. 

Au regard de l’appel à réviser les grandes dissidences chrétiennes, et à se retrouver unanimes dans l’unité visible de l’Église apostolique, il y a l’exigence pour les catholiques de comprendre le Réformateur, les dissidences et leurs requêtes, son angoisse durant ses années monastiques et le sens de sa levée.

Si les catholiques redécouvrent le sens religieux de la Réforme, si les protestants se débarrassent du complexe anti-romain et redécouvrent le caractère évangélique de bien des choses catholiques, nous ouvrirons le couloir prometteur de la pacification et de la concorde.

Ré-examinons la révolte contre l’autorité de l’Église ;

Ré-examinons l’homme de la foi, de l’Écriture, attaché à la Révélation biblique.

Aujourd’hui, l’option à prendre n’est plus tant d’être protestant ou catholique, mais entre chrétien ou non chrétien.

 

Gérard LEROY, le 17 juin 2017

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L’humain authentique

Pour Nicole Cathala, et le Groupe GIP 11, en hommage amical

       Je suis porté à penser que le processus de mondialisation a développé les risques de déshumanisation. Si ce constat est avéré on perçoit que l’Eglise a une vocation prophétique de contre-culture et qu’elle doit œuvrer avec d’autres instances à la recherche et à la promotion de ce que l’on peut appeler l’humain  authentique, le vere humanum dont parle la Constitution  Gaudium et spes

Il s’agit de résister à l’impérialisme d’une culture de plus en plus monolithique qui nous envahit, une culture placée sous le signe de la consommation, de la seule réussite sociale, de l’épanouissement individuel maximum dans l’ignorance des grandes fractures de nos sociétés, anesthésiés par la convoitise et le souci de paraître.

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L’épopée de Gilgamesh

Pour Amalita Zarate, en hommage amical

   Une question a surgi lors d’un débat qui a fait suite à un exposé sur le sacrifice d’Isaac : “quel lien existe-t-il avec l’épopée de Gilgamesh ?

Ne décelant pas le souvenir d’une quelconque relation entre le chapitre 22 du Livre de la Genèse et le récit sumérien que ma mémoire rattachait plutôt au récit du déluge, j’ai consulté mes cahiers !

Gilgamesh est un roi légendaire de l’île persane de Kish. Son épopée est représentée par une série d’épisodes indépendants. On a retrouvé dans la bibliothèque d’Assurbanipal une œuvre assyrienne unifiée en douze chants, en écriture cunéiforme qu’on possède par ailleurs en vieux babylonien et en traduction hittite.

Ces chants racontent les exploits de Gilgamesh et de son ami Enkidou, dont la démesure prépare leur chute. Enkidou meurt. Gilgamesh part pour un long voyage qui le mènera au-delà des portes du monde, jusqu’à une île où réside son ancêtre qui jouit du privilège de l’immortalité, après avoir survécu au déluge. Gilgamesh franchit une vallée profonde où le dieu solaire, Shamash, disparaît chaque soir. 

Gilgamesh est contraint d’expliquer le but de son voyage à deux gardes de la vallée, leur avouant qu’il s’apprête à franchir les monts pour rejoindre le bord des eaux de la Mort. Mais une cabaretière divine, dénommée Sidouri, tente de décourager Gilgamesh de poursuivre son voyage. Gilgamesh lui répond en se lamentant sur la mort de son ami Enkidou :

“Enkidou que j’aimais tant, qui avait avec moi affronté toutes les fatigues, s’en est allé (...). Jour et nuit j’ai pleuré sur lui, [croyant] que mon ami se relèverait à mes cris (...). Depuis lors, je ne trouve plus de vie (...). Ô cabaretière ! puissé-je ne pas voir la mort que je redoute !”

La cabaretière répondit alors à Gilgamesh :

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