L’œcuménisme : mission de l’Église

Pour Yves Giorello, en hommage amical

 

   L’Église a besoin d’entendre, à l’écart des bruits du monde, l’appel à sa vocation. Elle doit veiller, non pour se retirer du monde et s’extraire de ses débats, à ne pas perdre la mémoire d’où elle vient et de l’Espérance qui l’habite. Le P. Jean-Marie Tillard, condisciple du P. Congard, nous a laissé de belles pages sur l’appel de cette communion qui définit l’Église.

 

Il préconise une façon de s’attaquer au problème épineux et délicat de l'autorité et de la primauté papale. Au lieu de partir comme on le fait habituellement d'une analyse des principales affirmations que dictait Vatican I concernant le ministère de l'Évêque de Rome, il est plus judicieux et rentable de commencer par une courte réflexion sur la nature de l’Église et sa mission dans le monde.  

 

L'église est appelée à être une communion hic et nunc, ici et maintenant.  Cette communion s’effectue à deux niveaux, radicalement inséparables. Car elle est une communion avec le Dieu trinitaire, manifestée, extériorisée et nourrie par une communion fraternelle qui comporte toutes les sortes de diversités humaines. Elle est à la fois une communion avec Dieu à travers une communion avec les autres hommes et femmes, et une communion avec les hommes et les femmes à travers une communion avec Dieu.

 

Aussi longtemps que ces deux éléments constitutionnels essentiels ne sont pas en osmose, l'église de Dieu n’est pas fidèle à sa vocation.

 

Gérard Leroy,  le 7 octobre 2022

 

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Attention travaux !

Pour Danièle et Jean-Pierre Janier, en hommage amical

    Nos sociétés occidentales semblent vivre simultanément la suite du processus de sécularisation en même temps que le retour du religieux, le besoin aussi d’un retour aux « valeurs »... Comment comprendre ces phénomènes d’aujourd’hui ?

Le terme de « sécularisation » est lié à ce qu’on appelle la modernité tardive (la post-modernité n’étant admise que depuis la chute du mur de Berlin). Notre époque actuelle, sécularisée, pélagienne, est marquée par le positivisme, le relativisme, le nihilisme, une critique de la raison critique réduite à la raison instrumentale. En regard de cela, on observe cependant que l’homme contemporain aspire à une raison plus complexe : éthique, esthétique... une raison plus méditative, en réaction à la raison des Lumières qui célébrait le triomphe du positivisme, lequel ne voit de vérité que dans les résultats expérimentaux des sciences de la nature. L’homme moderne se tourne volontiers vers les sagesses, notamment orientales, plutôt que vers les religions instituées, contraignantes par leur dogmatisme, et qui probablement ne satisfont pas les besoins de l’homme moderne. C’est ainsi que s’est effectué l’exode de certains catholiques vers les mouvements sectaires. Le retour du religieux coïncide avec un individualisme exacerbé, à la recherche d’un nouvel équilibre intérieur rendu nécessaire au plein cœur d’un monde de plus en plus complexe et cosmopolite. Max Weber avait noté le désenchantement du monde, il s’agit de le ré-enchanter. Le divin oublié par le processus de sécularisation ré-apparaît soudain.

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Babel justifierait-elle le pluralisme ?

Pour Samuel Mourier, en hommage amical

   Dès l’origine, le dessein créateur de Dieu est un dessein de salut en Jésus-Christ. À cet égard, le mythe de la tour de Babel est plein d’enseignements. On le comprend généralement comme l’illustration du mauvais pluralisme qui n’engendre que la confusion et remet en question toute prétention à une vérité transcendante. Mais c’est s’en tenir à la face purement négative de Babel. 

Certes, Babel est le symbole de la confusion des langues comme châtiment de l’orgueil humain qui a cru pouvoir revendiquer une unité qui n’appartient qu’à Dieu. Mais c’est aussi le retour à la condition originaire de l’homme voulue par le Dieu créateur. Le Dieu de la révélation biblique est un Dieu qui bénit la multiplicité, ne serait-ce déjà que la multiplicité de l’être humain qui est créé homme et femme. Dieu bénit la multiplicité des peuples, des langues et donc des cultures. Comment alors ne permettrait-il pas ce phénomène inévitable de la multiplicité des tentatives religieuses d’avoir accès à la Transcendance ? On serait tenté de penser que le miracle de la Pentecôte, à l’étape ultime de la Révélation, nous manifeste en clair que les diverses formes religieuses, depuis des millénaires, sont comme une pédagogie vers la découverte du vrai Dieu. 

En dépit de tout ce qui peut comporter des erreurs ou des imperfections, les multiples expressions du phénomène religieux concourent, à leur manière, à une meilleure manifestation de la plénitude inépuisable du mystère de Dieu. Comme aimait à le dire le théologien E. Schillebeeckx : « Dieu ne cesse de se raconter dans l’histoire ». Ce qui nous amène à repenser l’adage de Cyprien de Carthage (†258). Dans son discours aux cardinaux, qui a suivi la rencontre d’Assise en octobre 1986, Jean-Paul II déclarait que l’engagement pour le dialogue interreligieux, recommandé par le concile, ne se justifiait que si les différences religieuses n’étaient pas nécessairement réductrices du dessein de Dieu.

Dans une Église qui se tiendrait hors du  monde, qui est pluriel, un salut est-il encore pensable ? 

Gérard LEROY, le 26 janvier 2019

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