Pour Bernard S, suite et fin de notre conversation, en hommage amical
Aucune société ne peut échapper à l’institution. Comme telle l’Église apparaît tantôt indispensable à l'être de la société, garantissant sa continuité, son identité et sa cohésion, tantôt comme une tradition culturelle pesante, un conservatisme inadapté à l’histoire en mouvement.
Le croyant chrétien interprétant son être social est saisi par une perplexité fondamentale qui le porte tour à tour à faire l'apologie de son institution propre ou à la relativiser au nom de ses prétentions eschatologiques et de l'importance attribuée au Saint Esprit, à en faire l'apologie au nom de sa mission historique qui lui impose une visibilité comparable à celle d'autres groupes à message.
Il est important de faire le point, dans la foi, sur la dimension institutionnelle de l’Église. Car, sans se désintéresser des débats que suscite l'institution dans l’éthos politico-culturel du temps, les croyants ne peuvent pas se dispenser d'ouvrir leur propre débat relevant de l'identité propre du projet ecclésial de Jésus-Christ et provoqué par une perplexité spécifique qui ne date pas d’aujourd’hui.
L'Église ne peut s'abstraire de ce qui se vit, de ce qui se pense dans la diversité des temps et des espaces sociaux concernant l’institution. Mais elle ne peut pas davantage s’aligner purement et simplement sur ce qui se vit et se pense dans la société. Il lui importe donc, quitte à se singulariser, de produire des légitimations de la place qu’elle attribue à l’institution, de l’origine qu’elle lui reconnaît, des significations et des services qu’elle en attend, de l’usage qu’elle en fait. Par un dialogue avec les groupes qui ont des soucis institutionnels, se révèleront des convergences en même temps que des différences notoires, il faut s’y attendre. Ainsi s’actualisent les questions que pose à l’Église le fait qu'elle est aussi une institution.