Pour Jean-Pierre Achard, en hommage amical
L’école de médecine y est fondée au IIIe siècle av J.-C., par un médecin venu de Chalcédoine, tout près du Bosphore, et mort vers 250 av. J.-C.
Hérophile pratique la dissection, contrairement aux autres villes, grecques. On le dit très pointilleux, attentif au respect des règles élémentaires d’hygiène. Il étudie le cerveau, le système nerveux, le système veineux. Il est le premier à utiliser un clepsydre, une sorte d’horloge à eau semblable à nos sabliers d’aujourd’hui, pour prendre le pouls. Il s’intéresse à la gynécologie et fait le croquis des trompes utérines. Cette découverte est peu à peu tombée dans l’oubli, jusqu’au jour où un anatomiste, naturaliste et chirurgien italien du XVIe siècle, redécouvrit ces parties de l'appareil génital féminin qu’on appela de son nom « trompes de Fallope ».
Le successeur d’Hérophile à Alexandrie est un médecin lui aussi rigoureux, qui évite les chamailleries fumeuses qui se répandent, aux dépens de l’étude et des pratiques scientifiques. Erasistrate, c’est son nom, est Grec, anatomiste et disciple d’Aristote, qui s’intéressa aussi au corps en bonne santé contrairement à la tradition hippocratique entièrement axée sur la maladie.
Il étudie l’abdomen, la goutte, et cette sorte d’œdème qu’on désigne d’hydropisie. Il pratique même l’autopsie dans la perspective étiologique de déterminer la cause d’un décès, ainsi que l’imitera le médecin-philosophe Avicenne, une douzaine de siècles plus tard. À Alexandrie Erasistrate entreprend des recherches sur le métabolisme. Il découvre ainsi que les organes du corps sont un tissu de veines, d’artères et de nerfs. Il en vient à démontrer, à l’encontre des convictions médicales de l’époque, que les boissons ne pénètrent pas dans les poumons. Il émet l’hypothèse que toute pathologie est liée à un excès de sang mais il ne pratique pas la saignée.
Ces deux hommes, Hérophile et Erasistrate, ont posé les bases de l’anatomie et de la physiologie dans le monde occidental. Si une partie seulement de leurs travaux ne tombe pas aujourd’hui dans l’oubli total, nous le devons au chirurgien grec Galien, Bergamasque du IIe siècle de notre ère, résidant ensuite à Alexandrie, où il préserve une partie des travaux de la célèbre école médicale d’Alexandrie.
Gérard Leroy, le 15 avril 2023