Pour Patrick Valdrini, en hommage amical
Le diocèse de Rome a un pasteur. Ce pasteur a été donné par le collège des cardinaux et va réaliser, comme dans tous les diocèses, l'unité du peuple de Dieu. C'est lui qui va représenter le fait que, au milieu de tous, il y a le Christ et que celui-ci demande à tous de vivre l'Évangile, dans l’unité et en communion avec l'Église universelle.
Le lieu doit son nom à la demeure d'une grande famille de patriciens, les Laterani. Leur nom fut conservé sous la forme de Latran car la basilique Saint-Jean-de-Latran est érigée sur des terrains qui leur appartenaient. Lateranus est un surnom signifiant en latin dieu du foyer ou fabricant de four. Plautius Lateranus, impliqué dans une conspiration du temps de l'empereur Néron s’est vu confisqué ses biens, rendus plus tard, à l’empereur.
Au début du IVe siècle, sur la colline du Latran, se trouvaient les écuries de Maxence, le rival de Constantin, où la cavalerie tenait garnison.
Après sa victoire sur Maxence, Constantin s'est converti. Il décide de donner un caractère licite à la religion chrétienne, et choisit un lieu, le jardin des Latran, Laterani, pour que le Pape Miltiade et ses successeurs construisent une basilique. Il fait don du site à l'évêque de Rome, où les Laterani reposent dans une tombe monumentale devenue célèbre. Les travaux sont lancés. Une basilique est construite. De sorte que le palais des Laterani est devenu en 324, l'église du Latran.
La basilique est consacrée sous le vocable de Basilique du Très-Saint-Sauveur en 324 par le pape Sylvestre Ier. C'est lui qui l’a inaugurée, qui a fait la dédicace, et lui a donné le statut de cathédrale du diocèse de Rome. Un statut particulier inscrit dans la basilique de chaque côté du grand portail central : elle est mater, mère, et caput, tête de toutes les églises omnium ecclesiarum urbi, de la ville, et orbi, du monde.
Les Papes sont restés dans leur palais du Latran du IVe au XIVe siècles. Ensuite, ils sont partis à Avignon. 70 ans plus tard ils sont rentrés, le palais était en très mauvais état, la basilique avait été incendiée. Ils sont partis se réfugier au Vatican où ils sont restés définitivement.
Le statut particulier donné à la basilique du Latran est resté. C’est la cathédrale du Pape. Les Papes sont toujours venus au Latran pour l'insediamento, « s'asseoir sur le siège », pour manifester que la basilique a un statut tout à fait spécial.
La basilique abrite le tombeau de Léon XIII († 1903), pas loin du siège où le pape s'assied. Léon XIII avait un attachement très profond à cette basilique, où il est enterré et où il avait fait de grands travaux. La construction de cette longue abside dans laquelle se trouve le nouveau chœur des chanoines, et la cathèdre du Pape est un monument construit par les cardinaux, qui connaissaient l’attachement de Léon au Latran.
Avant son installation, le Pape reçoit les hommages de la ville de Rome aux pieds du Capitole. Cet usage a été inauguré par Jean-Paul Ier, qui marque l'enracinement romain de la fonction pontificale. Le Pape, chef de l'état de la Cité du Vatican, est l'évêque de la ville et du diocèse qui vient saluer les autorités civiles. Les chefs d'État viennent le saluer, les délégations des gouvernements sont accueillies dès l'aéroport. L’écho des sirènes se répand dans Rome. Le pape rend ensuite une visite de courtoisie à la municipalité de Rome, comme ont fait tous les autres Souverains pontifes. Léon XIV a reçu tous les prêtres de Rome le 12 juin, au Vatican.
Qu’attend le diocèse du Pape?
Les rapports entre le Pape et le clergé sont très forts. Le pape annonce en latin ces mots « In ecclesiarum comunione », dans la communion des Églises. Et cette constitution dit que dans la communion des Églises, il y a une particulière responsabilité qui est donnée à l'Église de Rome d'accueillir la foi et la charité du Christ qui a été transmise par les apôtres, et d'en témoigner, d'une manière exemplaire. Avoir le Pape comme évêque du diocèse crée une responsabilité particulière. Le Pape doit veiller à ce que son clergé soit uni à lui pour réaliser vraiment, ici, dans cette Église locale, la figure du Christ, ce qu'est l'Église lorsqu'elle est installée dans un lieu.
Léon XIV s’est armé grâce à des expériences ecclésiales variées de par le monde. Il a passé ses dernières années à Rome. Il est venu faire des études et il a observé. C’est un homme qui écoute. Qui dit écoute.
Les pèlerins sont toujours frappés par l'existence d'un nombre important d’églises. Ils ont l'impression que c'est un diocèse qui brille par sa catholicité interne. En fait, le diocèse de Rome a, comme tous les diocèses, un centre, et des périphéries. Le peuple qui y vit ne manque pas de respirer l'air de la sécularisation. Il faut donc évangéliser, dans un grand élan missionnaire.
Gérard Leroy, le 27 juin 2025