Pour Denise Torgemane, en hommage amical

   Le duel engagé depuis quatre mille ans autour de la Palestine entre l’homme de la steppe et celui de la cité est aussi un conflit culturel entre des valeurs divergentes, celles qui relèvent de la nature et celles acquises par l’histoire.

Dans leur revanche immémoriale de la Terre promise, les Arabes luttent pour en conquérir les promesses dont elle est le symbole : lait et miel de l’ère nomade, biens messianiques des prophéties bibliques, science technique des temps modernes.

Mais l’Histoire ne se réduit pas à un amas d’éléments physiques, quantitatifs et culturels désarticulés et privés de sens. Saisir sous les dialectiques de l’Histoire le conflit des symboles et sous l’enveloppe charnelle des destins le dessein de l’Esprit, pour découvrir dans le désert des Mahométans et de l’Exode hébraïque, les vestiges, les relais, les signaux qui annoncent une Terre nouvelle : tel est le projet que nous devons engager qui prendrait alors la forme d’une méditation sur Ismaël et Israël, deux témoins pathétiques, contradictoires et préfiguratifs du même Christ crucifié et descendu aux enfers. Cette réflexion conduit vers celle qui s’interroge sur le destin des Arabes, témoins de l’enfance du monde.

Gérard Leroy, le 10 mai 2024