«Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi» (Col 2, 7)

«Enracinés» : comme un arbre. À quoi servent ses racines ?

«Fondés» : Y a-t-il quelque chose de consistant, de solide, sans fondation ?

«Affermis» une fois fondés. Une foi fondée (justifiée) est-elle sans capacité de développement, figée, immobile, immuable ? Affermis comme garçons ou filles, n’êtes-vous pas appelés à devenir hommes et femmes dans une société où vous serez acteurs ?

Pourquoi ces verbes au participe passé ? Parce que nous, l’homme que nous sommes, reçoit l’enracinement, et le fondement et l’affermissement. Pour l’arbre c’est de l’eau qu’il reçoit la nourriture qui le grandit, le renforce et le fait fructifier. Si l’on transpose cette image, on peut déduire que c’est du Christ que l’homme reçoit l’eau. Le Christ lui-même qui est source et qui enracine, qui fonde et qui affermit.

Pas de racines, pas de vie. Quelles sont nos racines ?

Ceux qui sont à l’origine de notre existence; ceux —les mêmes bien souvent— qui chaque jour, à chaque instant, abreuvent la jeune plante, pour lui apporter “les sels minéraux” indispensables à la croissance. Ceux qui nous accompagnent dans notre histoire, les copines et les copains, les amis, ceux avec lesquels on partage des bouts d’existence, sur un terrain de sport, à l’orchestre, sur scène etc... Il y a celui dont le Seigneur est la foi, qui fait confiance, malgré les vicissitudes de la vie, qui ne redoute pas d’être assoiffé quand la chaleur arrive, qui se dresse, comme l’asphodèle, comme un défi de vivre sous le soleil implacable (relisez Jérémie 17, 7-8).

Le Seigneur nourrit l’homme. Il répand sur lui la vie en ayant donné sa vie d’homme. Comme si l’eau du canal nourrissant les racines des platanes s’état vidée (c’est l’image qui donne le sens de la kénose du Christ).
C'est pourquoi la foi chrétienne est avant tout une relation personnelle avec Dieu, avec Jésus Christ, avec le Saint-Esprit. Cette rencontre est la nouvelle naissance en tout homme. Elle rend à l’homme sa pleine identité. L’homme grandit, se développe, et se réalise en plénitude.

Quel sens a votre vie ? Le sens vous paraît-il différent de celui qu’il aurait sans cette rencontre ?

Vous-êtes-vous posés la question : “pour quel but, quelle voie je dois prendre ?” Comment je me vois dans 5, 10 ans ?” Qu’est-ce que je veux être, qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce que je veux avoir ?” Qu’est-ce qui me justifiera ? Les médailles ? Les podiums ? Les applaudissements sociaux ? Et puis, qu’est-ce que le Seigneur attend de moi ? Trop tôt pour le dire, certes. Alors qu’est-ce que j’attends de lui ? N’ayons pas de crainte à demander. Il n’attend que ça. Il me donnera la force. Allons, marchons ensemble.

Par la foi, nous sommes fondés en Christ (cf. Col 2, 6). C’est comme une maison, elle est construite sur ses fondations. Comment s’est construite la maison d’Abraham ? Dans la soumission au vœu du Seigneur. Le patriarche s’est levé, pour aller où ? “Tu iras là où je te montrerai”. Abraham s’est levé sans trop savoir où il allait... Ça a donné "la Maison d'Abraham".

Où veut vous emmener le Christ ? Ça c’est une question. C’est votre viatique à emporter aux JMJ. C’est la confiance que vous mettez en lui qui vous fonde. «Quiconque vient à moi, écoute mes paroles (...) est comparable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profond, et posé les fondations sur le roc. La crue survenant, le torrent (...) n´a pas pu l´ébranler parce qu´elle était bien bâtie” (Lc 6, 46-49).

Des propositions, vous en recevrez des tonnes, des faciles, des séduisantes, Ne les rejetez pas d'emblée, car elles peuvent participer à l’installation dans la voie principale, celle à laquelle vous invite Jésus-Christ. Et n’oubliez pas de vous faire aider, par la prière de vos proches, la foi de votre Eglise. Vous serez dans la Joie profonde que vous aurez reçue du Seigneur. N’oubliez pas de dire merci.

Soyez (...) affermis dans la foi» (cf. Col 2, 7). Paul écrit ça de sa captivité à Rome, aux gens de Colosse (province d'Asie Mineure), à l’occasion d’une crise de type doctrinal, à propos de certaines tendances de l'époque, pas franchement dans la ligne de l’Évangile. Que se passe-t-il aujourd’hui sur le plan culturel qui tend à nous éloigner de l’Évangile, à l’étouffer, ou à étouffer notre ferveur ?

On est dans un monde “sécularisé”, c’est à dire un monde où toutes nos activités, économiques, sociales, politiques, scientifiques, artistiques, la vie de la morale, la recherche, se déploient selon leurs propres normes, propres à chacune, dans un univers exclusivement humain, en vue de leurs fins propres, hors de toute foi, de toute Église, de toute religion, hors de toute finalité religieuse. Vous vous souvenez que Galilée, en son temps (XVIe - XVIIe s.) a dû se rendre au Tribunal du Saint Office, au Vatican, pour présenter sa découverte, et qu’il a été obligé par les bons pères à mettre un mouchoir sur sa découverte qui ne correspondait pas à la cosmogonie de l’Église. Aujourd’hui il ne viendrait à l’idée de personne de demander l’aval du Vatican ! C’est ça la sécularisation. On est dans le siècle (même racine que sécularisé). Pas dérangé par le Ciel ou par ceux qui le représenteraient !

Aujourd’hui certains esprits chagrins s’en vont dire pis que pendre du monde moderne. Il est vrai que nous vivons dans un monde où prévalent les égoïsmes, les divisions, la guerre, la haine, bref le manque d'amour et de justice. Mais une civilisation de l'amour est en marche, là où chacun est respecté dans sa dignité, où la sollicitude grandit. Là où la civilisation de l’amour et de la justice commence à fleurir, là les fruits murissent. “Aimez-vous les uns les autres”, comme le Christ nous a aimés, vous mesurerez dans l’amour que vous vous donnez l’affermissement de votre foi.

C’est à cette «folie», comme à l’adhésion à la folie de la Croix (1 Co 1, 23) que vous invitent les JMJ,

 

 

Gérard LEROY, le 27 mars 2011