Pour Sapphô, en hommage amical
Sur un plan démographique, le bouddhisme est l'une des cinq grandes religions mondiales. Né dans le bassin du Gange au VIe siècle avant J.-C., il a rapidement rayonné dans le sous-continent indien, s'est répandu à partir du Nord de l'Inde vers le Tibet, la Chine, la Corée, et enfin le Japon.
Un siècle après la mort du Bouddha se développent deux grandes tendances, l’une, plutôt monastique, le Théra vada, suivi par les théologiens bouddhistes, les moines et les philosophes ; l’autre, laïque, le Maha sangh ika.
Des moines déclarent que le Bouddha n’est pas mort. De cette tendance est né Hinyana, le « petit véhicule », i.e. le « Petit moyen de progression ». Le « petit véhicule », déclare que le Bouddha leur a légué une recette pour entrer dans le Nirvana : le salut par soi-même. Pour le petit véhicule le monde est phénomène. Il apparaît. Il y a dans le monde des phénomènes (dharma), des éléments constitutionnels de l’individu, au nombre de 75. Parmi ces éléments on trouve la poésie, le romantisme, le rêve aussi bien que des éléments chimiques. Le caractère composé et conditionné de tous les êtres qui le constituent est précisément ce que le bouddhisme appelle la duhkha, soit la souffrance, la misère, le mal. Le symbole représentatif de la duhkha est la roue dont le moyeu est décentré. La suppression de la duhkha ne peut être obtenue que par un recentrage du moyeu.
La première noble vérité déclare que toute vie est souffrance. Le Bouddha s’étant considéré lui-même comme médecin a cherché à faire l’étiologie de la souffrance qui se révèle dès son origine : le désir. La suppression du désir serait donc la thérapie. C’est la sortie du monde. Le nirvâna est donc considéré comme l’au-delà absolu de la réalité phénoménale. À cela s’ajoute l’accent mis sur la sagesse qui regarde les choses telles qu’elles sont. C’est en s’en détachant qu’on peut atteindre le nirvâna. Sous la forme du Theravâda le bouddhisme du Petit véhicule s’est développé en Asie du sud est asiatique.
Le critère fondamental du bouddhisme primitif concerne la manière de concevoir le monde, et donc son contraire : le nirvâna. Ce courant croit définir le monde.
Le grand véhicule reprochera au Petit véhicule de se sauver par une conception fausse des dharma.
Les moines bouddhistes qui l’inaugurent sont les disciples du Maha sangh ika. Ils sont comparables aux frères convers du Moyen-âge, peu dociles et parfois révoltés. De ce mouvement est né le Mahayana, ou le bouddhisme du « Grand véhicule ». Les Mahayanistes conçoivent les dharma comme un effort individuel particulier en faveur de l’ordre moral, religieux ou social. C’est ce courant, né en Inde, qui a pénétré la Chine.
Les Mahayanistes déclarent détenir l’enseignement du Bouddha, qu’ils diffusent. Leur première idée-force est de souligner le rôle des bodhisattva, ces êtres « promis à l’Éveil » (bodhi # être éveillé) qui se sont fait remarquer par leur dévotion et qui, en raison de leur sagesse demeurent dans le monde afin de sauver tous les hommes. Ils prétendent que le Bouddha a voulu quitter le Nirvana afin que tous puissent y rentrer. Le bouddhisme a dérivé progressivement vers une défiication des bodhisattva auxquels ils rendent un culte. Une idée-force de Mahayanistes a été de développer la sagesse, au sens mystique, en revivant l’expérience du Bouddha, reconnaissant une réalité absolue, au-delà de toute logique conceptuelle. D’où leur anti-intellectualisme et leur méfiance à l’égard des conceptions métaphysiques. Leur idée centrale est celle de la vacuité. Tout est vacuité, ce qui va devenir le principe du taoïsme. L’absolu, c’est le vide. Tout n’est qu’illusion. Être bouddha c’est atteindre un état sans détermination, sans condition. Tout est intervertible avec tout. Les dharmas aussi ?
En 65 de notre ère le bouddhisme du Grand véhicule avait pénétré en Chine. À la fin du XXe siècle, le bouddhisme pénètre en Occident. On compte aujourd’hui en France 300 000 personnes qui ont trouvé dans le bouddhisme de quoi satisfaire leur marché spirituel.
Gérard Leroy, le 26 janvier 2024