Pour Anita et Jacques, en hommage amical

   Dans le train. Les rails scandent le rythme. Tendons l’oreille. C’est parmi les anonymes que l’on peut glaner le plus de fruit. Les naïves confidences d’un paysan de mes Alpes mancelles, d’une vielle servante d’auberge venue de quelque village de Normandie ; la conversation du curé, de la coiffeuse, ou de l’alcade évadé de ses Pyrénées ; le bavardage logorrhéique la toute jeune fille qui me précède avec la démarche d’une canéphore dans le couloir d’un TER fatigué ; l’autobiographie interminable d’un ouvrier ou d’un employé de bureau, tout cela retient, excite parfois, mon attention.

Ces gens m’ont frappé par leur grandeur autant que par leur simplicité. Ils savent, ou ignorent, répandre des flots de lumière sur des sujets complexes ou obscurs, parsemés de parenthèses attendrissantes ou d’irrésistibles éclats de rire. Dans ces petites causeries passant pour ordinaires il y a toujours un bonheur à trouver.

Le touriste est un voyageur en quête de fruits, qui tombent dans l’oreille et vous vont droit au cœur.

  • Gérard Leroy, le 24 juillet 2025